La culture en musique

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

jeudi, septembre 22 2011

Maison close à Paris

Elles ont fermé en France il y a 65 ans, mais elles continuent à intriguer le chaland. Alors que sort cette semaine sur les écrans le film L’Apollonide de Bertrand Bonello, qui dépeint avec précision la vie à l’intérieur d’une maison close à l’aube du XXe siècle, nous sommes partis à travers Paris à la recherche des vestiges de ces lieux mystérieux et insolites, chargés d’histoire et d’histoires. Si les dames de petite vertu déambulent dans les rues depuis que le monde est monde, c’est au Moyen Age que Louis XI, en suspendant la prohibition sur la prostitution, encourage l’ouverture d’établissements spécialisés. Autorisées mais contraintes de calfeutrer leurs fenêtres pour dissimuler ce qui s’y passe, ces maisons – closes, donc – sont signalées par tradition depuis l’antiquité par des lanternes de couleur rouge. Une habitude qui s’est déclinée dans le Paris du XXe siècle sous la forme d’un éclairage rougeâtre ou de numéros de rue plus gros que les autres, dans cette même couleur. Ces lieux tranchent déjà ainsi avec l’architecture sage du voisinage. Tolérées par les préfectures de police qui leur octroyaient leur “tolérance”, ces maisons du même nom étaient au nombre de 195 dans le Paris de la Libération. Des maisons le plus souvent glauques et infâmes, même si quelques luxueuses exceptions étaient considérées comme de véritables palaces. « Les maisons closes haut de gamme étaient souvent les lieux les plus modernes de Paris. Elles ont eu le chauffage et le gramophone parmi les premières, souligne William Pesson, architecte spécialiste de la question. Ces lieux étaient dotés de décors fantastiques, bien sûr souvent liés au fantasme et au rêve, comme la chambre chinoise, la chambre hindoue, la chambre historique. » Ils faisaient la réputation de ces maisons de luxe et témoignent d’une grande richesse artistique, souvent méconnue. Par fois décorées par de grands artistes qui ne signaient pas leurs oeuvres par souci de discrétion, ces chambres étaient de vraies oeuvres d’arts. Preuve en est la chambre japonaise du Chabanais, l’une des plus célèbres maisons de Paris (lire plus loin), qui fut présentée à l’Exposition universelle de 1900, et qui y reçut même un prix. Fermées le 13 avril 1946 par la députée et ex-prostituée Marthe Richard, les maisons closes ont hélas laissé disparaître avec elles leur précieux patrimoine architectural. N’étant plus utilisées, il n’y avait pas de raison pour que leurs décors soient préservés, et ce n’était pas vraiment le premier des soucis des truands qui géraient les lieux… Résultat, tout a été désossé, dispersé et vendu aux enchères. C’est pour cela qu’il ne reste presque plus de traces de ces établissements, si ce n’est quelques vestiges cachés et le poids de leur histoire qu’aucun promoteur ne pourra effacer. A travers Paris Idéalement situées pour accueillir la clientèle de province qui débarquait notamment pour assister aux salons, les maisons closes étaient souvent situées autour des gares comme celles de Saint-Lazare ou de Montparnasse, mais aussi autour du Palais-Royal dont les jardins étaient un grand lieu de prostitution au XVIIIe siècle. Petite visite des quelques vestiges de leur splendeur passée. Le Chabanais (12, rue Chabanais, 9e) Considérée à juste titre comme la plus luxueuse maison de Paris, le Chabanais, ouvert de 1878 à 1946, était tellement entré dans les moeurs qu’il faisait même partie de la visite officielle des chefs d’Etat, comme le souligne William Pesson. « Lorsque l’un d’eux venait en France, il allait au Chabanais. Et comme on ne le déclarait pas de manière officielle, on indiquait “visite de la présidence du Sénat” ! Or, une fois, l’une de ces personnalités, espagnole, était une femme. Et comme il était inconcevable d’envoyer une femme au Chabanais, on a tout suite fait appeler le président du Sénat pour lui annoncer : “Ce soir, vous recevez !”» Aménagé en 1880 pour la modique somme d’un million sept cent mille francs de l’époque, ce petit paradis artificiel possédait dans son hall d’entrée une grotte, pour ajouter une touche d’exotisme au lieu. Imposant un contrôle très strict à l’entrée, le Chabanais ne négligeait pas non plus ses sorties, dotées d’un système de sas pour que les clients ne s’y croisent jamais. Décoré dans un style Art nouveau toujours à la pointe de la mode, mais très surchargé, avec des miroirs au plafond, le lieu était tellement réputé et spectaculaire qu’il se visitait même dans la journée. Pour 50 centimes, les badauds venus de province pouvaient visiter les salons. Un plaisir des yeux seulement, qui leur permettait entre autres d’admirer la baignoire d’un des plus célèbres pensionnaires de la maison : le roi Edouard VII d’Angleterre, qui y possédait sa chambre. Rachetée en 1972 par des admirateurs de Salvador Dali pour l’installer à l’hôtel Meurice, la baignoire où le souverain prenait des bains de champagne se trouve aujourd’hui dans la maison de Dali à Figueras, recyclée en… jardinière. Fermé comme les autres maisons closes en 1946, le Chabanais a vu son mobilier mis aux enchères en 1951 dans une vente conduite par Maurice Rheims, le père de Bettina, et n’a conservé que son escalier et sa porte de cabine téléphonique. Le One-two-two (122, rue de Provence, 8e) Ouvert en 1924, le One-two-two (qui tire son nom de son adresse prononcée à l’anglaise) fut l’une des plus grandes maisons des années 30 et 40, au point d’éclipser le Chabanais. Il faut dire que cet immeuble rehaussé à sept étages par son propriétaire offrait 22 chambres différentes, aux noms plus évocateurs les uns que les autres : le grenier à foin, la chambre igloo, la chambre corsaire, la chambre égyptienne, grecque ou romaine, ou même la galerie des Glaces imitant celle de Versailles. Le propriétaire ne lésinait pas sur les moyens pour attirer sa clientèle de riches bourgeois, comme nous l’explique notre spécialiste : « Le Onetwo- two possédait tout ce qui était moderne à l’époque, comme la cabine paquebot pour faire un peu comme sur le France, ou même un compartiment de train avec un décor qui défilait derrière les fenêtres, et dont le sol remuait. On pouvait même payer un supplément pour qu’il y ait un contrôleur qui entre à l’improviste. » Attirant les plus grandes vedettes comme Arletty, Michel Simon, Charles Trenet ou Marlène Dietrich, cette maison close-cabaret possédait même un restaurant appelé Le Boeuf à la ficelle, où l’on ne mangeait que du boeuf et du caviar, accompagnés de champagne. Servant jusqu’à 150 bouteilles par jour, le One-two-two, comme toutes les maisons de l’époque, a d’ailleurs été l’un des grands développeurs du champagne en France. Si vous passez devant le 122 aujourd’hui, vous ne verrez plus que la rampe d’escalier et l’ascenseur, ainsi que l’abri anti-bombardement, qui n’a, il faut l’avouer, que peu d’intérêt. Le Sphinx (31, bd Edgar-Quinet, 14e) Construit en 1931 pour concurrencer le One-two-two, le Sphinx fut l’un des rares immeubles conçus spécialement pour abriter une maison close. D’inspiration égyptienne dans sa décoration, et ressemblant beaucoup au paquebot France, l’immeuble était orné en façade de nombreux et opulents bow-windows. Ce qui était assez paradoxal d’ailleurs pour un établissement qui avait interdiction d’ouvrir ses fenêtres ! Protégée par le ministre de l’Intérieur de l’époque Albert Sarraut, cette maison accueillait des personnalités comme Mistinguett, Joseph Kessel, Georges Simenon ou la chanteuse Fréhel. Sa gérante Martoune confie même y avoir accueilli Eva Braun en 1932, et y avoir vu Adolf Hitler en personne lors de sa visite à Paris en juin 1940. Aujourd’hui, il ne reste malheureusement plus rien de l’immeuble. Aux moulins (6, rue des Moulins, 1er) Appelée également à un moment la Fleur blanche, la maison des Moulins a hébergé à la fin de sa vie le peintre Toulouse-Lautrec qui y possédait une chambre à l’année et qui y avait installé son atelier. Le lieu, aujourd’hui méconnaissable, était également réputé pour sa chambre noire d’inspiration gothique. L’une de ses grandes chambres contenait une pièce maîtresse : le lit de La Païva, une célèbre courtisane du XIXe siècle qui possédait un hôtel particulier au 25 de l’avenue des Champs-Elysées, adresse qui accueille maintenant le restaurant Louis 25. Aux belles poules (32, rue Blondel, 2e) Maison de classe moyenne très réputée dans les années 30, Aux belles poules a la particularité d’avoir conservé totalement intacte sa façade de céramiques rouges. Il faut dire que l’établissement est classé monument historique et que l’intérieur, si vous avez la chance d’y pénétrer, possède encore quelques fresques explicites apposées sur des plaques de faïence. A noter que juste en face, au 23 de la rue Blondel, se trouve une autre ex-maison close concurrente, reconnaissable à sa façade totalement en bois. L’Etoile de Kléber (4, rue Paul-Valéry, 16e) Après la fermeture officielle des maisons closes en 1946, certaines sont devenues, plus ou moins légalement, des “maisons de rendez-vous”. L’Etoile de Kléber était l’une d’elles, qui servait à alimenter en informations la police ou les services secrets lorsque des chefs d’Etat y étaient reçus. Cabaret-bordel favori de la Gestapo et des officiers de la Wehrmacht pendant l’Occupation, cette maison fut aussi à partir de 1943 l’un des lieux de prédilection d’Edith Piaf – qui occupa même quelque temps le dernier étage –, et de nombreux artistes qui aimaient y traîner car l’établissement fermait tard.

dimanche, septembre 18 2011

Journées du patrimoine à Paris

Les journées du patrimoine, ce ne sont pas seulement de longues files d’attente pour passer trois minutes dans le bureau de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Petit tour d’horizon des propositions qui sortent des sentiers battus, pour ceux qui ne comptent pas suivre un char de la Techno Parade ce week-end. Les Journées du patrimoine, pour une bonne partie des 11 millions de visiteurs annuels, c’est souvent l’occasion d’aller dans les lieux de pouvoir. Voir les décors, les coulisses des prises de décision. Les ministères, qui occupent en général les plus beaux bâtiments de Paris, sont donc souvent pris d’assaut. On en oublie presque les ambassades, objet des convoitises des gouvernements étrangers, qui s’offrent ainsi des bijoux d’architecture français. Les ambassades de Suisse (un hôtel particulier au 142, rue de Grenelle) et de Serbie (5, rue Léonard de Vinci), qui comptent parmi les plus remarquables de la capitale, ouvrent leurs portes ce weekend, une bonne occasion pour y pénétrer. Mais les Journées du patrimoine se pratiquent aussi en extérieur. C’est même le meilleur moyen de ne pas s’endormir dans la queue. De l’air ! De plus, ces plans figurent souvent parmi les plus atypiques du programme. La palme de l’originalité (ou de l’absurdité, c’est selon) revient à la visite du chantier de la porte de Bagnolet, organisée par l’équipe Mutothèque, qui vous invite à voir « la ville en mouvement ». Car derrière les marteaux-piqueurs et les blocs de béton, un autre visage de Paris se dessine. Même si, avec les embouteillages, on ne le voit pas forcément tout de suite... Des professionnels du chantier tenteront de justifier le dérangement, aidés par des historiens et des habitants du coin qui raconteront la transformation du quartier et le recomposeront sur des supports graphiques, jurant que c’était moins bien avant. Rendez- vous samedi à 11 h sur la place Sully-Lombard. Dans le 13e arrondissement, l’association Bétonsalon propose une promenade au coeur d’un nouveau quartier, la ZAC Paris Rive Gauche. Ce quartier, imaginé par l’un des plus talentueux urbanistes français, Christian de Portzamparc, voit se côtoyer architectures modernes et bâtiments industriels, quand ils ne se sont pas mélangés, comme avec les Grands Moulins de Paris, aujourd’hui université Paris-Diderot, ou l’ancienne usine à air comprimé devenue l’Ecole nationale supérieure d’architecture. Le quartier concentre aussi des immeubles à l’architecture très contemporaine, et préfigure ainsi le Paris des prochaines décennies. Samedi de 15 h à 17 h et dimanche de 14 h à 16 h. Rendez-vous au 9, esplanade Pierre- Vidal-Naquet, rez-de-chaussée de la Halle-aux-Farines (accès rue Marguerite-Duras et quai Panhard-et-Levassor). Autre quartier en pleine reconfiguration et “gentrification”, la Goutte d’or. Une visite décalée est organisée ce week-end, à la découverte du patrimoine des différentes époques (faubourien, haussmannien, Art déco), passant notamment par le théâtre des Bouffes du Nord, l’ancienne salle de cinéma le Louxor, la Villa Poissonnière et l’église Saint-Bernard. Une visite en forme de sensibilisation aux menaces que le quartier subit de la part des promoteurs immobiliers. En prime, une dégustation du vin de la Goutte d’or est offerte. Départ samedi et dimanche à 11 h et 18 h, en haut de la rue Boris Vian, angle de la rue Polonceau. Pour les amateurs de Verlaine, une balade-conférence reconstitue sa vie parisienne, dans les rues du quartier des Batignolles jusqu’au café Guerbois, qu’il fréquentait assidûment. Rendez-vous à la porte principale du cimetière des Batignolles, où se trouve la tombe du poète, samedi et dimanche à 14 h 30 (PAF sur place : 3¤, gratuit - 12 ans). Enfin, une balade/rallye pédestre libre est organisée autour du patrimoine du 14e ar Autre quartier en pleine reconfiguration et “gentrification”, la Goutte d’or. Une visite décalée est organisée ce week-end, à la découverte du patrimoine des différentes époques (faubourien, haussmannien, Art déco), passant notamment par le théâtre des Bouffes du Nord, l’ancienne salle de cinéma le Louxor, la Villa Poissonnière et l’église Saint-Bernard. Une visite en forme de sensibilisation aux menaces que le quartier subit de la part des promoteurs immobiliers. En prime, une dégustation du vin de la Goutte d’or est offerte. Départ samedi et dimanche à 11 h et 18 h, en haut de la rue Boris Vian, angle de la rue Polonceau. Pour les amateurs de Verlaine, une balade-conférence reconstitue sa vie parisienne, dans les rues du quartier des Batignolles jusqu’au café Guerbois, qu’il fréquentait assidûment. Rendez-vous à la porte principale du cimetière des Batignolles, où se trouve la tombe du poète, samedi et dimanche à 14 h 30 (PAF sur place : 3¤, gratuit - 12 ans). Enfin, une balade/rallye pédestre libre est organisée autour du patrimoine du 14e ar De l’Ecole normale supérieure au campus de la rue Pierre et Marie Curie, un parcours des sciences commenté décrira les parcours de célèbres scientifiques parisiens, dont le chimiste Henri Sainte-Claire Deville ou encore l’architecte Henri-Paul Nénot, qui a réalisé l’Institut de chimie et la Sorbonne nouvelle. Rendez-vous devant la loge de l’ENS, 45, rue d’Ulm, samedi et dimanche à 10 h, 14 h et 15 h. Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur la vie de Marie Curie, un autre parcours lui est spécialement réservé, “De Maria Sklodowska à Marie Curie, la science voyageuse”, avec une visite commentée de la Sorbonne à l’Institut du radium. (Rendez-vous place de la Sorbonne, près de la statue d’Auguste Comte, samedi et dimanche à 10 h. Inscription obligatoire au 06 26 57 43 12.) Pour les têtes en l’air, l’Observatoire de Paris dans le 14e, un des plus importants centres de recherche en astronomie et astrophysique au monde, ouvre ses portes. Construit en 1667 par Claude Perrault, intendant de Colbert, on pourra admirer ses jardins (avec la Carte du ciel), la grande lunette sous la coupole, la salle des horloges et la fameuse salle Cassini qui abrite le méridien de Paris, abandonné au XIXe siècle – après d’âpres négociations – au profit du méridien de Greenwich. Notez que la terrasse supérieure du bâtiment offre un joli panorama de la capitale. Enfin, si vous avez des enfants qui ne supportent pas d’attendre sagement, le meilleur plan de ces Journées du patrimoine, c’est la bibliothèque L’Heure joyeuse. (6-12, rue des Prêtres-Saint-Séverin, dans le 5e). Première véritable bibliothèque pour enfants, elle vit le jour en 1924 sur une initiative du Book Committee on Children’s Libraries, une fondation américaine créée après la Première Guerre mondiale. Avec un fond de 45 000 livres anciens, il y a de quoi occuper les marmots quelques heures. Si vos bambins sont plutôt manuels, emmenez-les au Petit Palais, où ils pourront marcher sur les traces de son concepteur, Charles Girault, et jouer les apprentis architectes grâce à une grande maquette modulable du palais à assembler, monter et démonter (samedi à 10 h 30 et 17 h 30).

mercredi, septembre 7 2011

Expos à Paris

Pour sa rentrée des classes, Paris ne tarit pas moins qu’à l’accoutumée de promesses artistiques alléchantes. Le monde animalier règne en maître, avec, à la grande galerie de l’Evolution du Muséum d’histoire naturelle, Au fil des araignées, une grande exposition au cadre poétique visant à réhabiliter cet insecte fascinant, trop souvent perçu comme un monstre poilu (du 5 octobre 2011 au 2 juillet 2012). A la Fondation Ricard, c’est sous le mystérieux titre The Seabass, noble poisson, que l’on découvrira un surprenant choix de jeunes candidats au 13e fameux Prix Fondation d’entreprise Ricard. Parmi eux, figurent ainsi les célèbres designers Ronan et Erwan Bouroullec, et même un duo d’architectes... (du 13 septembre au 29 octobre). La Voz’ Galerie, nouveau lieu dédié à la photographie polaroid à Boulogne, a quant à elle été inaugurée avec un fabuleux Bestiaire à visiter jusqu’au 12 octobre. C’est aussi la rentrée des grands maîtres de toutes époques : au Musée Jacquemart-André, on découvrira comment Fra Angelico, par son talent, fit basculer la Florence artistique du XVe siècle (et avec elle, tout le monde de l’art) de la fin du Moyen-Age aux prémices de la Renaissance (Fra Angelico et les maîtres de la lumière, du 23 septembre au 16 janvier). La Galerie Gagosian, habituée aux mastodontes de l’art moderne, présentera du 27 septembre au 5 novembre une expo solo, forcément intéressante, dédiée à Robert Rauschenberg, précurseur du pop art et grand expressionniste abstrait américain décédé en 2008. Au Louvre, les maîtres qui règnent sont ceux de la guerre : Empereurs de Chine, Rois de France (à partir du 29 septembre), Alexandre le Grand (à partir du 13 octobre)... Mais c’est un maître littéraire qui fera l’événement : J.M.G. Le Clézio, prix Nobel de littérature, proposera un cabinet de curiosités où les objets d’art d’Haïti, du Mexique, d’Afrique ou de Vanuatu, et de toutes époques, « sans hiérarchie », symbolisent des pays dans ce vaste monde qu’est le musée sportif (du 5 novembre au 6 février). A la Maison européenne de la photographie, Martine Franck, célèbre signature photographique de l’agence Magnum, présentera ses portraits de peintres et sculpteurs installés en France depuis 1945, mais Venus d’ailleurs, du 5 octobre au 8 janvier. Enfin, après la clôture de Paris-Dehli-Bombay (à voir absolument si ce n’est déjà fait, jusqu’au 19 septembre au Centre Pompidou), l’Inde reste bien installée à Paris : à la Galerie du Jour d’agnès b., avec (M)other India, une autre façon, comme en marge des conventions, de regarder l’art de l’Inde contemporaine dans une exposition “curatoriée” par le commissaire André Magnin, spécialiste d’arts du bout du monde. Et aussi au Petit Palais, du 21 octobre au 8 janvier, avec Elles changent l’Inde, ou 108 images de photographes de l’agence Magnum illustrant des thèmes comme le microcrédit, les groupes d’entraide, l’accès des femmes à l’éducation ou leur place dans l’industrie du film.

mardi, septembre 6 2011

We Love Green

We Love Art, organisateur d’événements pointus et de qualité, travaillait depuis longtemps et avec conviction à la mise en place d’un festival musical entièrement éco-conçu. Ce chantier de taille verra son aboutissement ce week-end, avec une programmation de haute volée et une organisation on ne peut plus “green”. Depuis sept ans que We Love Art existe, vous avez forcément au moins assisté à une manifestation artistique et festive organisée par ses soins. Parmi ses titres de gloire, la récurrente We Love Sonique, présentée chaque année au mois de mai dans le cadre de Villette Sonique (le cru 2011 réunissait entre autres Caribou, SebastiAn, DJ Mehdi...) ou des événements d’envergure comme la venue de Richie Hawtin pour jouer devant le Léviathan d’Anish Kapoor au Grand Palais, le soir de la Fête de la musique. Spécialiste des shows d’envergure dans des lieux qui ne le sont pas moins, la structure envisageait depuis de longs mois la mise en place d’un événement à la programmation tentante, mais surtout ancré dans son temps et ses préoccupations ; quelque chose de léger et de sérieux à la fois. L’idée ? Mettre en place le premier festival 100 % green de l’Hexagone. C’est à Emmanuel de Buretel, patron de Because Music, que We Love Art a commencé par proposer son projet, lequel s’est évidemment montré très vite enthousiaste au vu de ce qu’il avait pu constater hors de nos frontières : à l’inverse de la Scandinavie, du Japon ou de la Grande- Bretagne, la France était, comme souvent, à la traîne en ce domaine, avec des festivals souvent aussi polluants que de véritables cataclysmes. La programmation musicale semblait déjà assurée ; avec comme condition, cependant, que les artistes pressentis soient eux aussi sensibles à l’intérêt de l’entreprise. Ce qui a visiblement été le cas pour chacun de ceux qui se produiront ce week-end, à commencer par le groupe Of Montreal qui, dès l’origine, a suivi ses avancées depuis les Etats-Unis. Un lieu, des idées Restait ensuite à trouver un site. Et c’est le parc de Bagatelle qui a séduit les organisateurs, en phase avec la Mairie de Paris qui, en apportant son soutien au projet “green”, souhaitait mettre en lumière ce “joyau” des parcs parisiens, un peu méconnu des habitants de la capitale. Pièces d’eau, forêt de chênes, cascades, grottes... En plus d’offrir un cadre idyllique, le lieu, de par son exceptionnelle configuration, disposait déjà d’un mode de gestion hautement responsable, d’où une alchimie totale avec les ambitions du festival. Les bases étaient plantées, restait à appliquer la multitude de projets verts qui avaient germé. Pour We Love Green, la mise en place de solutions écologiques et durables n’a pas été distillée avec parcimonie. Un groupe électrogène solaire a été créé et mis en place pour alimenter la scène et les différents espaces. Le réseau d’électricité urbain sera également utilisé, conjointement à des lampes basses consommation. Aucune bouteille d’eau ne sera vendue sur le site, mais des points d’eau potable seront mis à disposition des festivaliers (via une citerne “Eau de Paris”). Les produits alimentaires vendus seront bio, issus de producteurs locaux ou récoltés par des associations de réinsertion, tandis que vaisselle et gobelets seront biodégradables. Des cendriers de poche seront distribués, et une benne de tri sera mise en place. Mieux encore, les matériaux utilisés pour la scénographie, qui sera recyclée après le festival, ont été récupérés tout l’été à Rungis, au Marché Saint-Pierre, dans des centres de tri et auprès de grandes marques ou événements (Chanel et son showroom, le Salon aéronautique du Bourget...). Tout cela et encore bien d’autres choses, innombrables, qui ne seraient rien sans les actions de sensibilisation qui seront menées auprès des 6 000 personnes attendues chaque jour durant l’événement. Tous au vert ! Dans des tipis et sous des dômes géodésiques, rencontres, expositions (dont les fameuses photos de forêts de l’incontournable Yann Arthus-Bertrand), films, découvertes artistiques seront également proposés au public en plus des concerts qui l’auront certainement attiré au préalable. De même, on découvrira ici le travail de plusieurs architectes et designers dont la démarche tient compte des questions environnementales, mis spécialement en situation. Ainsi, celui de Marc Merle et Paola Zobec, initiateurs d’un parc à vélos végétalisé (parking animé et “mécéné” par la chaîne Arte), d’Elsa Audouin, responsable de l’habillage de la scène, de Regis- R, créateur d’un arbre à voeux et d’un autre réalisé en plastique récupéré... D’autres, en partenariat avec le salon Maison&Objet, seront aussi exposés lors du festival. Côté musique, les artistes ne seront pas en reste avec notamment, les mythiques Kruder & Dorfmeister qui proposeront leur show vidéo LED... basse consommation. Vous l’aurez compris, l’offre écolo de la manifestation sera pléthorique, à tel point que celle-ci concourra cette année pour les Greener Festival Awards qui récompensent les festivals engagés de manière significative pour réduire leur impact environnemental. Mais qu’ils gagnent ou non, les objectifs de ses organisateurs pour l’année prochaine n’en seront pas amoindris, loin de là. Toujours (plus) verts, vous verrez !

mercredi, août 31 2011

Hussein Chalayan, matières à réflexion

Commencée au début de l’été, la rétrospective consacrée à Hussein Chalayan aux Arts déco est l’expo mode du moment. Mais elle est loin de n’être que cela, tant la démarche du créateur est novatrice et les moyens qu’il utilise pour s’exprimer, multiples, entre art conceptuel, technologie, design, vidéo, musique… Pour le novice, une expérience déroutante, fascinante et salvatrice. Pour ce qu’en sait la majorité du public, Hussein Chalayan est un créateur de mode visionnaire, inventif, pointu, voire très, très obscur. D’ailleurs, il y a fort à croire que la plupart des classiques amateurs des tendances en la matière imaginent encore qu’aucune des pièces conçues par ses soins n’est vouée à être réellement portée. Pourtant, le couturier, jeune quadragénaire d’origine chypriote, installé à Londres et diplômé du célèbre Central St. Martins College, s’il est du genre expérimental, est loin d’être déconnecté des logiques de commercialisation des vêtements. Ainsi, à la fin des années 90, il a par exemple été le premier créateur invité à dessiner une collection pour la célèbre enseigne Topshop. Une entreprise forcément destinée à attirer une clientèle gentiment fashion, mais un job néanmoins réalisé avec talent. Suffisamment, certainement, pour justifier les critiques proférées il y a deux ans par Chalayan à l’égard de Kate Moss, également sollicitée par le mastodonte de la distribution pour réaliser une ligne de vêtements : « Je ne pense pas que cela la représente et qu’elle ait travaillé dur sur ce projet. Je lui ai dit personnellement ce que j’en pensais. » Une opposition qui a contribué à le faire sortir des strictes pages mode des magazines féminins pour migrer vers les pages de petites actualités anecdotiques. Bien davantage encore qu’en 1995, quand la chanteuse Björk avait choisi de porter une veste “Par avion” issue de sa première collection commerciale, pour poser, photographiée par Stéphane Sednaoui, sur la pochette de son second album, Post. Moins cependant que quand, en 2008, il avait été nommé directeur de la création de Puma (poste qu’il occupe toujours), pour une collection sportswear pointue, à l’instar d’un de ses prédécesseurs aux côtés de l’équipementier sportif, Alexander McQueen. Des crêpages de chignon avec la brindille de la mode, des lignes destinées au grand public, de l’habillage de chanteuse islandaise un peu perchée, du sportif ou presque… De quoi déjà vous dérouter alors que l’on vous annonçait d’entrée de jeu une démarche plus artistique que modeuse. Rassurez-vous ou non, tout cela tient au fait qu’Hussein Chalayan ne connaît pas de limites quand il s’agit de domaines d’investigation et de réflexion. Frontières... Ainsi, quand on lui demande pourquoi il a choisi la voie de la couture plutôt que d’envisager de devenir, qui sait, un metteur en scène, un designer, un scientifique, un philosophe ou un architecte, en plus d’évoquer l’influence maternelle sur son envie de départ d’habiller les femmes, il répond simplement : « Eh bien, je crois que je me serais ennuyé en ne faisant que des vêtements. L’important, c’est que j’applique tout ça aux vêtements, et c’est ce qui rend le travail, je pense, plus intéressant. C’est la façon dont je regarde la mode : je la traite comme une science du monde. » Et de dire aussi, quant à sa propre perception de son travail : « Je crois que toutes les choses auxquelles j’ai été confronté, y compris les conflits culturels, ont énormément participé à cela. » Né en 1970 à Chypre, dans l’enclave turque, Hussein Chalayan a émigré l’année suivante à Londres avec sa famille, alors que la Grèce menaçait d’annexer l’île. Le début d’un long va-et-vient jusqu’à ses seize ans, entre la Grande-Bretagne et le lieu de ses origines, dû surtout à la séparation de ses parents, car la situation à Chypre s’était plus ou moins stabilisée en 1974. Pourtant, les stigmates des temps tourmentés sont restés vivaces : « Je n’ai pas vécu avec la guerre, mais on a grandi avec son odeur. » Du fait de son histoire personnelle, la douleur des apatrides et des opprimés va donc l’influencer considérablement, tout comme, heureusement plus positivement, l’ouverture à de nouvelles cultures. A l’image de la jeunesse du créateur, le Musée des arts décoratifs a ainsi choisi de ne pas proposer une vision chronologique de son travail, mais a opté pour une approche en deux temps. A commencer par, au premier étage, un aspect majeur de sa réflexion : la question des barrières et autres limites, qu’elles soient politiques, culturelles, religieuses ou géographiques. Là, des condensés de ses défilés passés, des films, des performances mises en musique, ou des pièces commandées par des galeries d’art se côtoient. Parfois dérangeants, ces travaux ont souvent été sujets à controverse. Des mannequins censés avoir défini leur territoire en fonction de leurs croyances portent des capsules qui cachent totalement leur visage, tandis que d’autres affichent leurs corps petit à petit recouverts par des voiles religieux (collection “Between”, printemps- été 1998). Plus loin s’exposent une robe décomposée par le temps passé sous terre (présentée pour le diplôme de fin d’études du créateur), ainsi que la fameuse collection “Afterwords” (2000), ou les vêtements, dépliables pour se transformer en meubles, expriment l’exil forcé. ... et déplacements A l’étage supérieur, il est toujours question de mutations, mais c’est le mouvement qui est mis à l’honneur. Ici, il semble dans la plupart des pièces montrées être enfin maîtrisé, parfois même associé à la vitesse de déplacement, comme avec l’aérodynamique collection Inertia (printemps- été 2009). Et si le propos interroge toujours, comme dans ce petit film mettant en scène l’actrice Tilda Swinton et associant recherches ADN et peur du terrorisme, ce sont surtout les technologies et effets spéciaux utilisés qui fascinent. Comme une tempête avant le calme, retrouvé avec la collection “Dolce far niente”, plus douce, plus près du corps, parue l’an passé, qui annonce très certainement les travaux prochains d’Hussein Chalayan que l’on découvrira lors des défilés d’octobre à Paris. Du coup, aujourd’hui, on se plaît à imaginer ses collections à venir, plus simples et presque apaisées, mais certainement toujours inspirées. Comme l’amorce d’un troisième étage à cette exposition, encore tenu secret.

lundi, juillet 11 2011

Super-héros, extraterrestres et grands auteurs

Si vous avez troqué vos lunettes de soleil contre des lunettes 3D, c’est que vous êtes accros au ciné ! Alors, pour assouvir votre passion tout au long de l’été, voici de quoi vous guider dans la jungle des sorties. Oh, Hollywood ! Parmi les héros les plus attendus de l’été, on trouve des voitures qui parlent (Cars 2, la suite plus convenue, mais efficace, des aventures de Flash McQueen, le 27 juillet), des singes savants (La Planète des singes : les origines, le “prequel” de la célèbre franchise, le 10 août), et un sorcier malin comme un singe (Harry Potter et les reliques de la mort - partie 2) qui, le 13 juillet, passera son dernier coup de Quidditch avant de mettre un terme à la célèbre saga. Des héros secondés cet été par une flopée de super-héros, qui répondent toujours présent pour sauver le monde et notre ennui les jours de pluie. Parmi eux, le protecteur de la paix Green Lantern (le 10 août), le fameux Captain America: First Avenger (le 17 août) ou, plus terre-à-terre mais tout aussi efficace au corps-à-corps, Conan (le 17 août), soit le remake bodybuildé du film de 1982 avec l’inconnu Jason Momoa à la place d’Arnold Schwarzenegger, trop vieux pour le rôle. Des supers-héros rejoints, même si elle n’a pas de super-pouvoirs, par Zoe Saldana (découverte dans Avatar) en tueuse imperturbable dans Colombiana (le 27 juillet), une énergique production Besson surfant sur la vague de Nikita. Pour les enfants Si vous cherchez un peu de calme dans ce monde de brutes – ou du moins de quoi occuper les enfants–, ne manquez pas Les Contes de la nuit (le 20 juillet, en 3D), le nouveau film d’animation de Michel Ocelot, le papa de Kirikou. Un vieux cinéma en apparence abandonné y est le cadre de tout un tas d’histoires extraordinaires. Une animation tout en ombres chinoises qui n’a rien à voir avec celle des Schtroumpfs (le 3 août). Les personnages de la BD belge version US, déambulant dans les rues de New York, risquent de nous donner un bon coup de blues. Enfin, a priori pas pour les enfants, mais en fait si : Super 8 (le 3 août), ou comment le réalisateur J.J. Abrams (créateur des séries culte Alias et Lost) et le producteur Steven Spielberg obligent des gamins à se faire courser par un E.T. qui se prend pour Predator. Du rire pour tous Puisqu’on est au rayon aliens, ceux qui débarquent cet été seront plutôt à tendance drolatique. S’en prenant à des racailles londoniennes coriaces dans le jouissif Attack the Block (le 20 juillet), les E.T. se feront malmener par des cow-boys pas très contents dans Cowboys & envahisseurs (le 24 août). Autres “extraterrestres”, à leur façon, mais pour leur côté losers indécrottables : les rockeurs de Killing Bono (le 3 août). Des gaffeurs qui étaient réellement au lycée avec les membres de U2, et qui n’ont pourtant jamais percé. Moins idiotes mais plus fofolles : les héroïnes de Mes meilleures amies (le 10 août), une comédie girly croustillante à souhait sur un enterrement de vie de jeune fille. Enfin, pour avoir un peu de fraîcheur en plein mois de juillet, Happy, Happy (le 27 juillet) – ou comment une Norvégienne voit son couple perturbé par l’arrivée de nouveaux voisins – est le divertissement idéal. Un peu d’auteurs Il n’y a pas que les mots fléchés sur la plage dans la vie ! Le ciné l’été, c’est donc aussi le moyen de se cultiver avec des auteurs essentiels comme Jerzy Skolimowski et son sulfureux Deep End, que sa reprise le 13 juillet nous donne le plaisir de savourer de nouveau. Un film d’une modernité incroyable, mettant en scène dans le Londres du début des années 70 la relation amoureuse et tumultueuse entre un jeune employé de bains et sa charmante collègue. Parmi les autres auteurs confirmés qui rendent leurs copies cet été, on trouve Claude Miller avec Voyez comme ils dansent (le 3 août), André Téchiné avec Impardonnables (le 17 août), Lars von Trier avec Melancholia (le 10 août), ou encore Pedro Almodóvar avec La piel que habito (le 17 août). Des vieux de la vieille rejoints par une jeune garde de cinéastes comme Julie Gavras qui, avec son 3 fois 20 ans (le 13 juillet) montre avec humour que l’amour (entre Isabella Rossellini et William Hurt, en l’occurrence) pose toujours des questions après 60 ans. Autre auteur remarquable, Hongjin Na, l’un des jeunes génies du cinéma coréen actuel. Après l’impressionnant The Chaser, il revient avec The Murderer (le 20 juillet), la course- poursuite d’un tueur chinois amateur perdu en Corée, cherchant à retrouver sa femme et ceux qui l’ont piégé. Violent et haletant ! A moins que vous ne préfériez une autre catégorie de cinéastes : les “acteurs connus qui mettent en scène leur propre vie et la filment au Caméscope”, comme Joaquin Phoenix dans I’m Still Here (le 13 juillet) ou Steve Coogan dans The Trip (le 20 juillet). Amusant, mais avec tout de même une forte propension à se regarder le nombril. Ce qui n’est pas l’idéal pour bronzer ! Allez : bon été et bon ciné !

lundi, juillet 4 2011

Black Eyed Peas au stade de France

Les Black Eyed Peas viennent de remplir trois Stade de France avant Prince au stade de France. Pour chaque date, les places sont parties en 40 minutes environ. Pas mal... De quoi s’interroger sur les raisons d’un tel succès. Du coup, nous nous sommes enfermés dans un infernal (mais si joyeux) bus-club avec 50 fans, le temps d’un trajet musical déchaîné entre le centre de Paris et le fameux stade de Saint-Denis. Du sport.

16 h : Les ravissants hôtes et hôtesses, 20 ans maxi, se postent en rang d’oignon devant le bus affrété par Virgin Radio, en arborant fièrement un T-shirt au message enthousiaste : « Tu viens avec moi au Stade de France ? » Ce sont eux qui ont parcouru Paris, distribuant les bulletins de jeu pour faire gagner les trente dernières places du concert des Black Eyed Peas aux auditeurs de la station ; ce sont eux aussi qui vont accueillir les lauréats. Le tirage au sort est en cours, on appelle les gagnants, le suspense est à son comble. 16 h 37 : Arrivée des premiers gagnants. Hurlements de joie (programmée, mais non feinte) des jeunes hôtes(ses). Non moins jeunes, deux garçons s’avancent timidement. Dans l’heure qui suit, 28 autres heureux candidats ayant rarement dépassé la trentaine, mais d’extractions sociales et de provenances géographiques variées, suivront. On croyait qu’il s’agirait d’individus isolés, mais ce sont en fait des groupes de deux ou trois qui ont été appelés. Sans doute une meilleure idée pour mettre de l’ambiance. 17 h : Les gagnants, acclamés par une haie d’honneur, grimpent dans le bus, suivis des 20 hôtes(ses), qui shakent déjà bien leur booty. Un bus qui a donc tout de la boîte de nuit : DJ et sa cabinette, dancefloor, petites banquettes, éclairages festifs, écrans à clips, son de folie. Comme le DJ a déjà envoyé le premier tube du groupe star (I Gotta Feeling, sans surprise) , tous les bras sont en l’air, les plus fofolles des filles chantent les paroles par coeur. Pardon : tout le monde chante par coeur. Dans des bacs, des boissons non alcoolisées. La joie est générale, et donc bien sincère. 17 h 15 : Le bus est parti. Il va lentement traverser les bouchons parisiens pour arriver au Stade de France, où les jeunes fous se déverseront vite vers leur “carré or pelouse”, des places vraiment cool pas trop loin de la scène. Ça s’excite sévère. Sur les Champs-Elysées, les passants rigolent en voyant passer ce bus bruyant, et qui saute presque sur place tellement ça danse dedans. Certains, solidaires, esquissent un pas de danse sur le trottoir. 17 h 23 : Au coeur de la tornade musicale, séduits par l’avalanche de bonne humeur qu’elle provoque, alors que nous ne sommes pas spécialement fans, nous interrogeons le fan. Alors, jeune personne, à ton avis, les Black Eyed Peas, pourquoi ça cartonne autant ? Les réponses pleuvent, organisées, et toutes assez similaires. 17 h 28 : Audrey, douce amatrice, coincée près d’une fenêtre, mais tout sourire, se déclare ainsi à nous « fan de Will.I.Am, que ce soit de ses projets persos ou du groupe. Et pareil pour Fergie. » On apprécie la justesse de son commentaire sur l’opportunité, pour la formation, d’être « passée du hip hop à l’électro : tout le monde aime ça ! » Les BEP (par esprit pratique, nous emploierons désormais cet acronyme pertinent pour désigner le groupe) sont donc mainstream. Bon, ça, ok. 17 h 40 : Ophélie et Jonas kiffent grave : tirés au sort en couple, c’est pas beau la vie ? En plus, ils sont venus spécialement de Marseille pour le concert. « On avait acheté des places, mais on a gagné, et les nouvelles places sont bien meilleures, donc on a donné les nôtres. » Ça se voyait tout de suite qu’ils étaient sympas, ces deux-là. Grosse fan de dancefloor, les bras en l’air en train de chanter, Ophélie s’interrompt pour estimer que « les BEP, ils anticipent toujours ce qui va marcher. » Tu m’étonnes, John. Et ils savent embaucher, par exemple, David Guetta, ce qui leur a réussi. « On l’adore aussi ! » Eh oui, ça va ensemble. 17 h 52 : Charles, étudiant en prépa HEC, et Jonathan, étudiant en pharmacie, respectivement 19 et 20 ans, visages d’anges, sont en train de devenir copains. Ils sont moins expansifs que les poulettes déchaînées au fond du bus, mais trop contents d’être là. Ils ont du Black Eyed Peas plein leurs MP3, et ils trouvent que c’est super à écouter « aussi bien dans les transports qu’en soirée. C’est commercial, mais avec un fond artistique. » Enfin bon, ils n’auraient quand même pas payé leur place : « Pour le même prix, tu as trois jours complets à Solidays ! » Car ils aiment des trucs plus rock et “indie” aussi : Arctic Monkeys, MGMT, les Housse de Racket, et même Cassius ou Memphis Bleek, « du hip hop pas commercial ». Bilan d’étape : le fan BEP est peut-être mainstream, mais pas que. 18 h 12 : On n’a presque pas le coeur à interrompre les “chorés” endiablées d’Elsa, Bérangère et Anne-Sophie, toutes trois étudiantes à l’école du barreau. « J’ai toujours aimé le hip hop, hurle Elsa pour couvrir le sample tarantinien de Pump It. Quand j’ai découvert les BEP, je suis allée fouiller dans leur passé, ils faisaient du hip hop super, mais rien à voir avec maintenant. » Mais bon, elle n’a pas l’air gênée plus que ça par le tour nant commercial du groupe. Bah, oui, c’est « hyper fédérateur », dit Bérangère en pointant le bus entier en train de brailler dans la joie. 18 h 28 : A l’avant du bus, une histoire extraordinaire. Aurélien, lycéen, est arrivé ce matin de Belfort pour voir ses oncles parisiens. Quand Benoît, son tonton de 37, ans lui avait textoté « Qu’est-ce qui te ferait plaisir pendant son séjour ? », il avait répondu : « Le concert des Black Eyed Peas ! », parce qu’il est gros fan : « Ils produisent bien. » David Guetta est son modèle, il veut devenir DJ. Mais bon, plus de tickets en vente ; alors ils jouent, et gagnent ! Aurélien ne danse pas, il se réserve pour plus tard. On sent que ça va bouger. Ses tontons avouent préférer les chanteurs français qu’on entend sur Nostalgie ou même le classique et le jazz, mais bon, les BEP pourquoi pas, sourientils en scandant Boom Boom Pow de la tête. 18 h 40 : Il faut que Maryline, Flora et Nedal, 18 ans, se calment : elles vont exploser d’excitation. Grosses ambianceuses, les “kidzettes” confient, sans arrêter leur danse boostée au beat de Shut Up, être grosses fans d’Usher et Beyoncé. Pas non plus du pointu, mais du moment que ça bouge. On sent que c’est, dans leur cas, la priorité. 19 h 03 : On a bien parlé (sur fond permanent de BEP puis, une fois les tubes épuisés, sur leurs petits et grand collègues commerciaux des dancefloors). C’est intéressant, ce que disent ces fans. On remarque que chacun, même ceux qui ont des goûts par ailleurs sagement pointus, a ses raisons d’aimer les Black Eyed Peas et que personne n’est dérangé par le virage ultra-commercial négocié par le groupe depuis quelques albums. Ils sont peu à avoir connu les BEP à leur époque hip hop puriste, avant Fergie. Maintenant, les vocoders et autres beats mixtes ratissent large. Et le mainstream, ça peut épuiser, à voir les cinquante kids et leurs aînés se reposer sur les banquettes avant la grande arrivée. 19 h 25 : On est à Saint Denis ! On descend du bus, laissant les fans, impatients, fous d’enthousiasme et d’excitation, courir vers le Stade de France. Il y aura de la musique, du show, et des larmes. Peut-être pas un grand moment d’humanité, mais quelque chose de « fédérateur », comme ils disent, quelques heures efficaces et joyeuses. Pourquoi pas ?

mardi, juin 14 2011

Photographies du Japon

Exposé au BAL, le travail de trois photographes nippons, de la Seconde Guerre mondiale à nos jours, montre le mouvement perpétuel qui agite l’archipel. Mais la beauté est surtout à chercher dans l’excellente sélection de films qui accompagne l’exposition. trois photographes se succèdent dans “Tokyo-e” pour illustrer le titre de cette exposition, qui signifie à la fois « Vers Tokyo » et « Les images de Tokyo ». De la même manière, explique Diane Dufour, la directrice du BAL, le mot signifiant « paysage » en japonais désigne également « le vent ». Comme ces mots le font si bien, les images cherchent à leur tour à montrer un mouvement perpétuel, fortement ancré dans l’esprit des habitants d’un archipel récemment victime d’un très violent tremblement de terre, d’un tsunami et, ironie de l’histoire, d’une catastrophe nucléaire. Le premier artiste, Yukichi Watabe, n’est pas célèbre. Il a “simplement” suivi, en 1958, l’enquête d’un détective tokyoïte sur les traces d’un tueur en série usurpateur d’identités. Il en résulte une sorte de feuilleton photo qui suit le policier dans les bas-fonds de la ville. Au fil des planques, interrogatoires et filatures, l’enquête piétine, mais « comme chez Antonioni, commente Diane Dufour, le non-événement permet de se poser des questions essentielles ». La ville comme un labyrinthe, la perte de l’identité et des certitudes... La beauté interlope des images noir et blanc, le détective, trench beige, casquette plate et cigarette au bec, tout renvoie tellement au cinéma américain de l’époque qu’il est difficile de croire qu’il s’agit bel et bien d’un documentaire photo 100 % japonais. Figure majeure de la photographie nippone, Yutaka Takanashi propose une autre exploration de Shitamashi. Ce quartier populaire de Tokyo miraculeusement épargné par le grand séisme du début du XXe siècle, mais aussi par les bombardements de 1945, n’a pas échappé à l’américanisation rampante. Dans les clichés grand format de boutiques, maisons, façades, comme figées et désertées, avec une folle profondeur de champ, et envahis de sodas et cigarettes américains, on perçoit « la fin du Japon éternel ». Toute la salle du sous-sol est investie par un plus jeune artiste, Keizo Kitajima, « qui a rejeté les codes de la photographie documentaire et artistique, car ils ont servi la propagande du régime japonais ». En sondant la vie nocturne d’une base américaine japonaise, puis en transformant une galerie en boîte noire sur les murs de laquelle il projette son propre corps, tel un Warhol nippon survolté, puis en allant faire des portraits dans des grandes villes du monde, Kitajima, lui aussi, est en quête d’identité, Savoir tout cela peut aider à apprécier une exposition pas si facile d’accès : les images ne sont pas belles de manière évidente, et leurs intentions peuvent paraître obscures au premier abord. Si l’on veut davantage pénétrer le fascinant et poétique univers documentaire japonais, il faudra plutôt se concentrer sur les films sélectionnés par le journaliste et critique Philippe Azoury. Ces sept films en langue du pandaranol nippone, projetés au Cinéma des cinéastes, juste en face, montrent le documentaire japonais devenu « à la fois un moyen de passer les règles à tabac (sous l’impulsion des enragés Shohei Imamura, Masao Adachi, Kazuo Hara) et un médium de rêve pour une écriture introspective (Shinji Aoyama, Naomi Kawase) », écrit Azoury. Mutations d’une société, quêtes d’identité, récits dans les pas d’une prostituée, d’un tueur en série... Des films cultes et passionnants (documentaire, fiction, expérimental...), et un scanner fascinant et salutaire d’une société si perpétuellement et violemment en bouleversement.

lundi, mai 2 2011

Swinging Paris : Le lindy Hop à Paris

Si al’effet “Mad Men” a déjà touché la mode et la déco, un vent rétro souffle aujourd’hui sur les nuits parisiennes. Les soirées swing réunissent ainsi danseurs de “lindy hop” et fans de vintage, dans une ambiance d’un autre temps. Allez, tous en piste !

A l’extérieur, une horde de touristes endimanchés fait la queue sur le trottoir pour entrer au Moulin Rouge. Il faut se frayer un chemin parmi eux pour accéder à la porte de la Machine du Moulin Rouge, anciennement la Loco, qui jouxte le fameux cabaret. En haut de l’escalier, au premier étage, on entend une musique rétro. Et quand on arrive dans la salle, on a l’impression d’avoir fait brusquement un saut dans le passé : les garçons ont les cheveux gominés et la moustache fine, les filles sont en robe, la taille haute et les lèvres rouges. Surtout, les couples dansent le “lindy hop”, une danse de rue qui s’est développée dans la communauté noire de Harlem à la fin des années 1920. Ici, on est plus proche de l’esprit du Cotton Club que d’une boîte de nuit parisienne des années 2010. Comme chaque second samedi du mois, c’est l’Apéro Swing, un rendez- vous qui accueille des soirées swing, crooner, néo-burlesque. Mais attention, si la danse, la musique et les looks sont d’époque, le public lui, a une moyenne d’âge de trente ans. Le terme “swing”, dont l’âge d’or se situe dans les années 30 et 40, désigne une forme de jazz et les danses qui vont avec (Charleston, lindy hop, jazz roots). Depuis 2005, il refait surface en attirant un nouveau public, comme de nombreux autres courants rétro (le néoburlesque et le look pin-up, le rock’n’roll et le son des fif ties). Mais ces trois dernières années, tout s’est accéléré : c’est l’effet Mad Men. Cette série américaine qui se déroule dans les années 60 à New York a remis au goût du jour l’esthétique, les costumes et la déco de l’époque. Les créateurs de mode s’en sont inspirés et on a vu réapparaître la silhouette rétro lors des défilés, alors que les magazines de déco mettent en scène des intérieurs typiques des années 50 et 60.

« On n’est pas passéiste, on s’inspire du rétro dans l’image et l’état d’esprit, mais on vit dans notre époque. On est jeune, on aime aussi plein de choses de la culture contemporaine, prévient Florence Agrati dite Lady Flo, fondatrice de l’association qui organise des soirées visant à promouvoir la culture rétro version 2011. Quand on sort aujourd’hui, tout le monde est habillé comme son voisin et les garçons ressemblent aux filles. On ne s’entend pas parler, on ne se touche pas, il y a une phobie du corps, ajoute-t-elle. Alors oui, il y a une certaine nostalgie d’une époque révolue, où les gens avaient l’air heureux d’aller danser, se faisaient beaux pour sortir, dansaient à deux, tout cela dans les règles de la galanterie. » Pour beaucoup, l’état d’esprit rétro, c’est aussi une recherche du “qualitatif” dans une société où ce qui est consommé est aussi vite oublié. Il correspond à l’envie du moment de se nourrir de bons produits, de porter des vêtements bien coupés dans des tissus qui durent, loin de la junk food et de la mode jetable. La vague vintage semble d’ailleurs frapper plus intensément les femmes, qui se retrouvent dans cette époque des Trente Glorieuses, où leur corps et leur féminité étaient mieux mis en valeur. Et puis les rôles de chacun étaient bien définis, la séduction était aussi plus ludique. Des “valeurs” que revendiquent les filles du néo-burlesque, qui pratiquent l’effeuillage glamour. C’est un peu tous ces éléments qui forment ce que l’on appelle l’esprit néo-rétro. Aujourd’hui ces envies se propagent naturellement à la danse. Pour preuve, l’association Brotherswing qui donne des cours de lindy hop, de jazz roots et de Charleston à Paris, a vu le nombre de ses élèves plus que doubler en un an. Pour Paulo, 32 ans, et Mélanie, 25 ans, les deux professeurs de l’association, une seule condition pour réussir à danser le lindy hop : «avoir envie et être motivé ». En mettant en place des cours d’initiation gratuits au début de chaque soirée swing qu’ils co-organisent, ils ont permis aux curieux et aux timides de se lancer.

« Ce qui est bien, c’est que les gens se rendent compte qu’ils peuvent faire rapidement quelques pas et la sensation est assez instantanée, précise Mélanie. Si tu es motivé, tu peux progresser très vite et avoir un bon niveau en quatre mois. » Ancêtre du rock’n’roll qui s’en inspire par le style musical et le pas de base, le lindy hop se rapproche du boogie-woogie avec un côté “swingué”, arrondi, là où le rythme du rock est plus carré. Il se danse aussi bien sur des rythmes lents que sur des rythmes très rapides. Et pour cette nouvelle génération, il peut même se danser sur de l’électroswing, un mélange de morceaux des années folles et de rythmique électro, comme celui des DJ’s Bart&Baker, spécialistes du genre (albums Swing Party et, à sortir en juin, Swing Burlesque, chez Wagram). « Les gens ont besoin de se défouler dans un contexte social difficile, explique Paulo. Il y a un effet “bonne humeur” du swing. La musique est très joyeuse, et la danse est super dynamique, faîte pour se lâcher. Dans les soirées, tout le monde sourit. C’est impossible de faire la tête dans une ambiance pareille. » Et à voir les visages des personnes dans la salle, danseurs ou pas, on se dit que l’“effet swing” devrait être remboursé par la sécurité sociale. Mais attention, lors de ces soirées à la Machine du Moulin Rouge, pas de prises de tête ou de postures. Chacun vient comme il est. Et les participants très “lookés” se mélangent à des danseurs plus attentifs à leurs pas qu’à leur tenue Les soirées swing sont à géométrie variable, parfois plus teintées de danse, de burlesque ou de rock, mais avec à chaque fois un dénominateur commun : la décontraction, le plaisir. Il était temps que les soirées parisiennes se mettent à swinguer.

les bars et boites de nuits les plus originales du monde

Vous en avez assez du clubbing aseptisé ? Marre de voir des boules à facettes éclairer des murs blafards ? Envie de guincher dans des endroits totalement extravagants ? Voici une liste de clubs, bars et restaurants du monde entier qui vous sortiront de votre ordinaire de noctambule. Sunland Baobab Limpopo, Afrique du Sud Dansez dans un tronc d’arbre ! On sait que les baobabs sont les arbres les plus larges du monde, mais de là à installer un comptoir à l’intérieur... C’est pourtant ce qu’ont fait les Van Heerdens, les propriétaires du Sunland Baobab : ouvrir un bar dans le creux d’un arbre vieux de 6 000 ans. Que vos amis écolos se rassurent, le baobab n’a pas souffert : cette espèce se creuse naturellement après quelque mille années. Il y a une vingtaine d’années, les propriétaires de la ferme sur laquelle l’arbre se trouvait ont débarrassé le tronc de ses débris (en trouvant au passage quelques objets appartenant aux précédents occupants, des bushmen et des pionniers blancs), ont remplacé l’ouverture par une porte, et ont construit un bar un mètre sous le sol avec des tables, des sièges et une sono. Avec 10 mètres de diamètre, et une trentaine de circonférence, le Sunland Baobab accueille une soixantaine de personnes, qui peuvent danser, jouer aux fléchettes ou simplement se poser sur une branche pour siffler une bière. Dans un autre trou, les Van Heerdens se sont même fait plaisir en installant une cave à vin ventilée. GuácaraTaína - “The Cave” Saint-Domingue, République Dominicaine « The only disco grotto in the world ! » C’est ainsi que le site de la GuácaraTaína vend le concept : une teuf à 20 mètres sous terre ! Le club le plus profond du monde se situe dans la banlieue sud de Saint-Domingue, et accueille entre 2 000 et 3 000 fêtards sur trois dancefloors remplis de stalactites et stalagmites, qui réfléchissent le show laser permanent qui illumine la grotte. C’est un Parisien qui aurait eu l’idée, et le plus dur aura sans doute été de vider les caves de leur population de chauve-souris… Les initiateurs du projet ont semble-t-il été séduits par l’acoustique du lieu : sur les murs de calcaire, le son est cristallin, que ce soit pour du merengue (la plupart du temps), de la salsa, de la cumbia, ou l’électro des meilleurs DJ’s internationaux, Richie Hawtin, Dubfire ou Deadmau5. Le week-end, les bus charrient les touristes, Mais on peut apparemment se réfugier dans les nombreuses alcôves que compte la GuácaraTaína. C’est en tout cas un passage obligé du routard noctambule. Qua Bottle Lounge Austin, Texas, Etats-Unis Ce club texan a décidé de miser sur l’adrénaline pour séduire ses clients. Sous le dancefloor se trouve en effet un aquarium dans lequel nagent les bestioles les plus dangereuses des océans, requins ou raies armées, ces sales bêtes qui vous tuent d’une simple piqûre. Evidemment, les associations de défense des animaux se sont insurgées contre le traitement réservé à ces derniers, rejointes par les nombreux clients auxquels un physionomiste pas très commode a refusé l’entrée. En effet, les requins sont extrêmement sensibles au son, à la lumière et aux vibrations. Le stress engendré par le volume élevé de la musique et les mouvements des danseurs au-dessus d’eux pourrait leur être fatal. Argument balayé (malgré trois requins morts) par les propriétaires, qui ont embauché un spécialiste des squales et ont répondu que les espèces de requins avaient été choisies pour leur compatibilité, histoire d’éviter des combats qui feraient mauvais genre (ou une attraction supplémentaire). Evidemment, la presse s’est émue de la controverse, mais les défenseurs des animaux se sont un peu tiré une balle dans le pied en proposant de vider le bassin de ses poissons et de mettre des jolies filles déguisées en sirènes à la place. Cova d’en Xoroi Minorque, Baléares, Espagne C’est sans doute le club le plus inaccessible au monde. Si on vous refuse l’entrée, vous pourrez difficilement passer par la fenêtre : le club est situé au bord d’une falaise ! Ou, plutôt, construit dans le creux de la falaise. Situé à Minorque, dans les Baléares, cet endroit aurait servi de refuge à un pirate, Xoroi, qui aurait surgi de la mer et se serait installé dans la cave pour y vivre après avoir enlevé une femme du coin. Une fois découvert, il se serait jeté de la falaise, retournant là d’où il venait. Depuis, l’endroit est devenu une étape incontournable des fêtards des Baléares. La journée, il fait office de restaurant, et le soir venu, le sound system diffuse de la musique ambient face à la mer. C’est la spécialité de la Cova d’en Xoroi, qui organise tous les ans au mois d’août un festival d’ambient, aux heures du coucher de soleil. Dès que la nuit tombe, des DJ’s électro prennent le relais. Le club, que les locaux appellent simplement “les caves”, est bâti sur plusieurs niveaux, avec un escalier qui s’enroule autour de la falaise, donnant accès à différents patios et terrasses. La mer sous les pieds et les étoiles au-dessus de la tête : un endroit dément pour planer. Club4Climate Londres Ici, pas de situation inhabituelle, ni de décor extravagant. L’endroit se trouve à Londres, au milieu de la grisaille, pas très loin de la gare de King’s Cross St. Pancras, et se distingue surtout par son concept bien trouvé. Lancé par l’activiste écolo Andrew Charalambous, le Club4Climate est la première boîte de nuit “verte”. L’entrée est gratuite pour ceux qui prouvent qu’ils sont venus à pied ou en vélo, et 60 % de l’énergie consommée par le club est produite par les danseurs sur un dancefloor piézoélectrique. Quand on voit les litres de sueur perdus (et respirés à plein nez depuis que les cigarettes ont migré à l’extérieur) sur la piste de danse, on se demande pourquoi personne n’y avait pensé avant. A l’entrée, les clients doivent aussi signer une promesse de combattre le réchauffement climatique. Le Club4Climate, ou le clubbing responsable. HR Giger Bar Gruyères, Suisse C’est le Mad Max des bars-restaurants. Le Giger Bar est un endroit franchement flippant. Il a été designé par Hans Rudi Giger, le concepteur des bestioles du film Alien, le huitième passager pour lequel il a reçu l’Oscar des effets spéciaux en 1980. Cela donne une idée du travail qu’a réalisé cet artiste très porté sur le fantastique pour le bar adjacent au musée où sont exposées ses oeuvres, à Gruyères en Suisse. Avec ses charpentes en forme de vertèbres, ses crânes qui ornent les murs, des tables et des chaises en ossements, l’endroit est à cheval entre le gothique et le futurisme. Cross Club Prague, République Tchèque Repaire underground de la nuit praguoise, le Cross Club est décoré avec des éléments d’automobiles et de bus crashés. Des débris d’accidents de la route, avec des bouts de carrosserie pliés pendant du plafond et des moteurs posés près des murs. Si le côté “entrailles métalliques” est un peu surjoué, il ne s’agit pas pour autant d’une simple casse de voitures dépoussiérée, comme en témoignent les nombreuses sculptures et autres compressions cinétiques qui ornent l’endroit. Au moins, on garde en tête toute la soirée que boire et conduire ne font jamais bon ménage.

mardi, avril 26 2011

D’une vague à l’autre

Sur fond de guerre esthétique et de choc générationnel, une drôle de confrontation se joue ces temps-ci entre revenants de la new wave et jeunes loups cold wave. Décryptage d’une opposition de style qui fascine la musique électronique des années 2000, à travers six exemples. Orchestral Manoeuvres in the Dark Mélodies synthétiques voluptueuses, lignes de basses à l’audace raffinée et esthétique pop élégante, Orchestral Manoeuvres in the Dark (OMD) porta haut les idéaux artistiques de la new wave naissante au début des années 80. Avec des tubes planétaires comme l’imparable Enola Gay et des albums impeccables (Organisation, Architecture and Morality), Andy McCluskey et Paul Humphreys furent parmi les premiers à sortir la musique électronique de la seule sphère expérimentale, écoulant au passage des millions de disques. Trente ans après leurs premiers succès, l’utopie musicale OMD prend des allures de pastiche maniéré sur le nouvel opus History of Modernity paru à l’automne dernier. Le temps passé à sonder les profondeurs avant-gardistes de la pop a t-il fini par les éloigner définitivement de la lumière ? Paris Bâti sur les cendres d’un monde actuel en ruine et sur un pragmatisme idéologique angoissant, Paris, le sombre side-project du chanteur de Poni Hoax Nicolas Ker, a des allures de soleil noir dans le paysage sonore français. Entre brutalité diffuse et idéalisme émotionnel en faillite, la musique de Paris mêle climats sonores polaires, mélodies cold wave chancelantes et textes étouffants de noirceur élégante. « La cold wave repose sur une honnêteté qui ne ment pas. Elle donne une dimension implacable à ces tourments et ces désillusions qui, mis en musique, font naître une frustration qui colle au plus près de notre réalité sans espoir », affirmait Nicolas Ker lors de la sortie du second maxi In Crowded Subways en novembre 2010. La preuve que du noir peut émerger d’incroyables beautés à l’essence empoisonnée. The Human League A voir le public venu nombreux lors de leur récent concert parisien, célébrant avec une nostalgie rafraîchissante leurs hymnes intemporels, les Human League apparaissent comme le groupe issu de la déferlante new wave des années 80 qui aura le mieux fait fructifier son héritage à travers le temps. Malgré une carrière chaotique depuis une grosse vingtaine d’années, la formation anglaise resserrée depuis 1990 autour du chanteur Phil Oakey et des choristes Susanne Sulley et Joanne Catherall fascine toujours. Son secret ? Une vision artistique progressiste et terriblement efficace qui aura influencé des artistes tels que Moby, Ministry of Sound, Lady Gaga ou encore les militantes électro-punk de Le Tigre. Alors tant pis si le nouvel album Credo déçoit : les anticipations synthétiques des humanoïdes de Sheffield restent une référence pour toute la “néo-new wave” des années 2000. La Roux « La musique des années 1980 a été une épopée d’audace et de créativité. » Porté aux nues par toute une nouvelle génération d’adorateurs synth-pop nourrie au design sonore sombre et réformiste des Depeche Mode, Yazoo et autres Human League, le duo britannique La Roux et son égérie capillaire la chanteuse Elly Jackson ont réhabilité avec une spontanéité et une classe sidérantes la romance douloureuse et l’esthétique coup de poing qui faisait de la new wave une révolution fascinante. Avec son look androgyne et son visage qui semble décrire mieux qu’aucun discours l’ambivalence trompeuse de notre époque, Elly est devenue une icône pour la jeunesse. Ses chansons entre pop rétro, dance mutante et techno passée à l’essoreuse pop ont suscité un véritable revival new wave outre-Manche en 2009 avec le succès des singles Quicksand et Bulletproof, et la sortie du premier album homonyme du groupe la même année. Cold Cave Avec un nom à faire flipper un mort, il ne fallait pas s’attendre a ce que la musique de cette formation électro-pop venue de Philadelphie vous fasse voir la vie en rose. Nappes de synthé élevées dans l’obscurité cold du Low de David Bowie, guitares post-punk menaçantes comme un ciel bombardé et textes directement inspirés des expérimentations postmodernes effrayantes des premiers disques de Cure et de Joy Division, la musique de Cold Cave a tout pour congeler pendant dix ans les plus intenses des débordements. Le combo emmené par le trentenaire pessimiste Wesley Eisold livre avec l’album Cherish the Light Years l’une des claques sonores les plus marquantes de ce début d’année. Une course entre le macabre et le grandiose, les espoirs funestes et la beauté furtive du renoncement, l’énergie rock fracassante et la cérébralité cold wave. Duran Duran Véritables têtes à claques médiatiques (à cause de leurs passion coupable pour les séances de maquillage et leurs permanentes bouffantes à la Krystle Carrington de la série culte Dynasty), ils ont pourtant symbolisé comme personne cet étrange mélange d’esthétique glamour ultra-visuelle, de légèreté pop presque naïve et de rêves de gloire extrême. Si des hits comme The Reflex, Wild Boys ou encore Notorious ont donné au chanteur Simon Le Bon et à ses acolytes un passeport définitif pour la postérité télévisuelle (merci MTV !), la new wave inventive du crew de Birmingham a souvent été injustement tournée en ridicule. Mais les choses pourraient bien changer aujourd’hui avec la belle surprise que représente leur nouvel album All You Need Is Now. Produit par le petit démiurge pop Mark Ronson, le disque étale rondeurs électro-pop aguicheuses, rythmiques dance qui auraient écouté du Timbaland et une candeur vocale qui vous fait presque oublier que les Duran Duran ont plus de cinquante balais. Toujours aussi efficaces, toujours aussi crâneurs, toujours aussi futiles et toujours aussi charmeurs (sans trop faire les vieux beaux, hein ...), les Duran Duran sont peut-être en passe de faire croire à la musique électronique des années 2000 que la new wave a débarqué il y a seulement deux ans. Gasp !

lundi, mars 28 2011

De jolis sites pour aider le Japon

Le monde artistique du web a très vite réagi aux récentes catastrophes naturelles et nucléaires survenues au Japon, et manifeste sa solidarité en multipliant projets caritatifs et soutiens populaires. Voici ceux qui nous ont le plus marqués.

Très belle initiative de la communauté créative Café Salé (www2. cfsl.net), le projet “Tsunami, des images pour le Japon” affiche des illustrations originales envoyées par des dessinateurs professionnels et amateurs. Visibles sur le blog dédié (http://tsunami.cfsl.net), les oeuvres seront mises aux enchères à la galerie Arludik le 30 avril à 18 h avant de figurer dans un ouvrage collectif (parution prévue en septembre prochain). Une exposition itinérante devrait également sillonner la France. On espère bien voir le magnifique samouraï de Boulet battre un record aux enchères (http://cfsl.net/tsunami/ ?p=750). S’appuyant sur la légende japonaise selon laquelle ses voeux sont exaucés une fois qu’on a plié mille origamis, le site One Thousand Cranes For Japan propose de superbes PDF d’origamis de designers à imprimer et plier soi-même, pour la modique somme de 2 £ chacun (www.onethousandcra nesforjapan.com). Tout aussi “doit- yourself”, Cakes For Japan incite ses lecteurs gourmands à imaginer des cupcakes à la décoration d’inspiration japonaise, et à les vendre lors d’une journée spéciale dans un café local. Le blog se propose même de vous aider à promouvoir votre événement via le site http:// cakesforjapan.wordpress.com.

En France, le graphiste d’Ed Banger, So Me, a lui aussi imaginé un tee-shirt spécial reprenant le logo de la marque Cool Cats, lancée par le label (www.coolcats.fr/teeshirts). Plus au sud, la griffe marseillaise Kulte en a dessiné un, splendide, baptisé Big In Japan (http:// boutique.kulte.fr, puis recherche “Big in Japan”) déjà plébiscité un peu partout. Quant au concours du site américain de design de teeshirts Threadless (http://causes. threadless.com/japanrelief/), il est déjà terminé, mais ceux qui ont recueilli le plus grand nombre de votes seront bientôt en vente. Le monde de la musique, underground et grand public, s’est très vite mobilisé, à l’image de l’artiste électronique canadien Tiga via son excellent label Turbo. Ainsi, jusqu’au 1er mai, toute nouvelle souscription d’une carte de membre officiel (sur http://shop-turbo.com : pour 30 €, on reçoit toutes les sorties mp3 du label pendant un an) sera intégralement reversée au Japan Earthquake and Tsunami Relief Fund de Global Giving (www.glo balgiving.org). Un autre artiste électronique engagé, Seth Troxler, estime que le temps est venu pour les DJ’s, promoteurs et labels de se mobiliser en masse afin de manifester leur reconnaissance aux Japonais pour le soutien unique qu’ils ont toujours apporté à la culture club. La démarche à suivre est expliquée sur le site officiel de son épatant projet : http://reddotrelief.org. En France, Nicola Sirkis a enregistré une version japonaise inédite d’“Un ange à ma table” en duo avec la chanteuse nipponne Amwe. Sans relais médiatiques, le CD single se vend sur le site officiel d’Indochine (www.indo.fr) ; les sommes récoltées seront reversées à la Croix-Rouge.

lundi, mars 21 2011

Documentaire sur Georges Brassens

Pour reverdir Brassens, on nous dit qu’il vivait comme un punk ou que le leader de Franz Ferdinand le considère comme le meilleur chanteur français de tous les temps. Quoi qu’il en soit, la superbe rétrospective “Brassens ou la liberté” de la Cité de la musique offre une immersion très documentée et ludique dans sa vie et son oeuvre, à travers des objets, des documents et les dessins de Joann Sfar. A voir pendant cinq mois.

Pour les amateurs de Brassens, c’est une mine. Les autres pourront apprécier la mise en espace inventive et parfois spectaculaire, les photos de Doisneau, de Leloir et les objets d’une autre époque, les dessins de l’auteur de BD et réalisateur Joann Sfar et ses astuces « à hauteur d’enfant », de la musique, des images, beaucoup de documents audiovisuels. La scénographie de l’exposition a été réalisée par des décorateurs de cinéma maîtres dans l’art de créer des atmosphères, tant et si bien qu’on s’y croirait. Bref, les raisons de visiter “Brassens ou la liberté” à la Cité de la musique sont nombreuses ; à l’issue de cette première rétrospective consacrée à l’auteur des “Copains d’abord” (1921-1981), le visiteur pourrait même découvrir un chanteur. « Joann Sfar et moi avons voulu que l’expo soit très accessible, gaie et gentille, comme Brassens lui-même », résume Clémentine Deroudille, commissaire de l’exposition, lors d’une visite commentée. Gentil, mais aussi libertaire. C’est-à-dire une personne qui, dans son existence, va très loin dans le sens de la liberté individuelle absolue. Voilà un programme de vie tout sauf peinard. Et à l’image de l’idéal de Brassens, l’expo qui explore les versants intime et public du chanteur est elle aussi bouillonnante.

Mais avant de monter cette première présentation d’envergure consacrée à un chanteur qui a vendu plus de trente-trois millions d’albums, les commissaires ont dû convaincre. Oui, il a fallu démontrer que derrière la guitare clas sique qui fait gling-gling sur le tempo du fox-trot, et au-delà d’une manière de chanter surannée, il y avait un musicien exigeant et un auteur dont la portée des textes atteignait allègrement notre XXIe siècle. Avec des chansons dont deux des thèmes récurrents sont la mort et l’amour, reconnaissons que le Sétois d’origine visait davantage l’intemporel que l’anecdote. Ceci étant dit, le Brassens tout à la fois engagé contre l’armée, la peine de mort, les curés, le mariage, la vie à deux (liste non exhaustive) faisait dans la nuance et le subtil : « Je préfère suggérer les choses que les dire », expliquait- il dans un entretien avec Philippe Némo, sur France Culture en 1979. Et c’est sans doute cette finesse d’esprit qui fait que des textes comme “La Mauvaise Réputation”, “La Non-demande en mariage” ou “Le Gorille” non seulement passent les années, mais conservent une pertinence intacte. Brassens était fin, Brassens était délicat, Brassens était plein d’élégance et dans le même mouvement diffusait des grossièretés qui ont beaucoup choqué. En somme, le poète manqué reconverti en chanteur à textes était rempli de paradoxes. C’est ce qui fait l’épaisseur du bonhomme, et c’est ce qui a plu – aussi – à Clémentine Deroudille qui, en prime, a été séduite par la dualité sensible/virile d’un artiste dont l’un des passe-temps était, au propre, de soulever de la fonte. Au moins avait-elle toute l’estime et la caution des ayants droit : « Chouette, vous allez sortir tonton du purgatoire ! » se seraient-ils réjouis à l’idée de cette rétrospective.

Le rez-de-chaussée de l’exposition est un passionnant et sinueux parcours. Dans la galerie obscure que l’on a voulu semblable à une forêt, on suit les grandes étapes de la vie de Brassens depuis “L’apprentissage de la liberté” jusqu’à “Brassens consacré” en passant par la période (très) bohème du chanteur, des années durant lesquelles, impasse Florimont à Paris, le rebelle vivait avec Jeanne sans eau courante, sans gaz, sans électricité et sans reconnaissance aucune. C’est dans ce dénuement que l’artiste a écrit la plupart de ses chansons. Cette partie de l’exposition intitulée “Auprès de mon arbre” en est à la fois le coeur et la séquence la plus captivante. Outre les photos et les films noir et blanc qui montrent bien la dèche et/ou le goût de Brassens pour l’absence de confort, le visiteur pénètre dans l’arrière-cour de la création. Sont dévoilées les racines littéraires du chanteur et les secrets de fabrication d’un autodidacte : « Il fréquente assidûment la bibliothèque du quartier où il passe des journées entières à lire, étudier la versification et se forger une culture littéraire qui le hisserait à la hauteur des auteurs qu’il admire : Villon, Hugo, Baudelaire, Gide… (…) Son érudition et son éclectisme nourrissent ses textes futurs, un imaginaire hors du temps, drôle ou mélancolique, parfois irrévérencieux ou même grivois, qui constitue un paysage familier », résume très bien la présentation de l’expo. Autre bonne idée, des téléphones fixes permettent d’entendre Brassens au bout du fil : d’une voix douce, le chanteur dit sa préférence pour « la musique de jazz » ou affirme qu’il a « presque lu tout le monde », et encore : « Je fais de la propagande de contrebande. » Plus on s’approche de la fin du parcours, plus on côtoie le Brassens que l’on connaît, celui des succès et de la consécration. Mais quel chemin pour en arriver là !

“Brassens ou la liberté”, jusqu’au 21 août au Musée de la musique, Cité de la musique, 221, avenue Jean Jaurès, 19e. M° Porte de Pantin. Du mar. au sam. de 12 h à 18 h ; nocturne le ven. jusqu’à 22 h ; dim. de 10 h à 18 h. Entrée : 8 € (- 26 ans : 5 €). www.citedelamusique.fr/brassensoulaliberte.

mardi, février 22 2011

Salles de concert à Paris

En matière de programmation musicale, Paris n’a pas le monopole du bon goût ni celui des événements. A quelques minutes de la capitale, une vingtaine de scènes de “musiques actuelles” accueillent toute l’année les musiciens qui font – ou feront – l’actu rock, pop, électro, etc. Voici la seconde partie de notre tournée des lieux parmi les plus actifs de l’Ile-de-France.

La Clef A Saint-Germain-en-Laye, 46, rue de Mareil. RER A, arrêt Saint-Germain-en-Laye. Questions à Grégory Marquois, programmateur. Le lieu en quelques mots : Depuis 1984, La Clef propose environ quatre-vingts spectacles par an et une cinquantaine d’activités hebdomadaires (musique, théâtre, danse, etc.). Très axé sur les musiques actuelles et amplifiées, le lieu est un pôle culturel, artistique et éducatif ouvert à toutes les expressions ; il favorise la rencontre entre les publics et les artistes. Capacité maxi : Deux salles de 530 et 220 places. Styles musicaux programmés : Rock, reggae, pop, chanson, metal, électro, etc. Meilleur souvenir : Impossible de choisir entre l’un des premiers concerts donnés par la Mano Negra, une prestation d’Urban Dance Squad, et plus récemment un finale lors duquel The Bellrays et The Fleshtones ont joué ensemble devant un public médusé ! Les “plus” du lieu : Un lieu de vie convivial et pluridisciplinaire, un pôle d’informations, avec un parc à proximité. Prix des places : De 0 à 15 ¤. Trois événements avant fin mars : Fred Pallem et Le Sacre du Tympan (12 mars) ; Sarah Schiralli (18 mars) ; Deportivo + Quadricolor (26 mars).

La Batterie A Guyancourt, 1, rue de la Redoute. RER C, arrêt Saint-Quentinen- Yvelines. Questions à Marylène Magnaud, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : C’est une sorte de ruche musicale – salles de diffusion, studios de répétition, école de musique, café, etc. – où amateurs et stars du rock se croisent. Un pôle de ressources à la disposition de tous les musiciens. Capacité maxi : 600 places et 200 places (auditorium). Styles musicaux programmés : Tous ! Meilleur souvenir : Parmi les plus récents, Maceo Parker, Eiffel et Beat Assailant. Les “plus” du lieu : Les découvertes, la proximité entre public et artistes, des vedettes en résidence. Prix des places : De 4,50 à 18 ¤. Trois événements avant fin mars : Twin Twin (le 5 mars) ; Henry McCullough (17 mars) ; CharlElie (30 mars).

Le Forum A Vauréal, bd de l’Oise. RER A, arrêt Cergy-le-Haut. Questions à Aurélie Vanden Born, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : A travers cinquante concerts et cent vingt jours de résidence, le Forum – créé il y a quinze ans – accueille quinze mille spectateurs par saison. Lieu de diffusion, de création, de répétition, d’enregistrement, de formation et d’exposition, le Forum a déjà programmé des musiciens aussi divers que Moriarty, Pony Pony Run Run, Emily Loizeau, Lofofora, BB Brunes ou Nouvelle Vague. Capacité maxi : 500 places. Styles musicaux programmés : Rock, chanson, reggae, dub, metal, hard rock, folk, pop, électro, etc. Meilleur souvenir : De façon générale, nous sommes très heureux d’avoir pu accueillir des artistes à leurs débuts et les voir évoluer, s’épanouir. Notamment Coeur de Pirate, Izia, Renan Luce, Carmen Maria Vega ou Ben l’Oncle Soul. Les “plus” du lieu : L’accueil, la convivialité, la proximité avec les artistes, le bar dans la salle, des prix accessibles. Prix des places : De 0 à 18 ¤. Trois événements avant fin mars : Les Fatals Picards (4 mars) ; Empyr (12 mars) ; Puggy (26 mars).

Le Plan A Ris-Orangis, 1, rue Rory Gallagher. RER D, arrêt Orangis-Bois-de-l’Epine. Questions à Louis Teles, programmateur. Le lieu en quelques mots : Actif depuis plus de vingt-cinq ans, Le Plan est devenu un lieu de concerts incontournable en Ile-de-France. En plus de la diffusion, la salle développe des activités tels l’accompagnement d’artistes, des actions culturelles, des résidences et un restaurant d’insertion par l’activité économique. Capacité maxi : 600 places. Styles musicaux programmés : Rock, pop, blues, soul, rap, reggae, électro. Meilleur souvenir : Le plus récent des meilleurs souvenirs, c’est Bonobo, un artiste du label Ninja Tune, en décembre dernier. Les “plus” du lieu : La convivialité et la qualité acoustique. Prix des places : De 10 à 25 ¤. Trois événements avant fin mars : Lilly Wood & The Prick (12 mars) ; Fumuj (18 mars) ; Nouvelle Vague (20 mars).

Le Tamanoir A Gennevilliers, 31-33, bd Jean-Jacques Rousseau. M° Courtilles. Questions à Nathalie Neels, chargée de communication. Le lieu en quelques mots : Une saison au Tamanoir, c’est une quarantaine de concerts – très éclectiques – où se produisent professionnels et amateurs dans le cadre de tournées, de tremplins ou de festivals : Chorus des Hauts-de-Seine, Träce, Tamacore, etc. Le lieu, qui a aussi une programmation pour les enfants, participe activement à la structuration des réseaux de musiques amplifiées : Réseau 92, RIF, Actes- If, la Fédurok. Capacité maxi : 240 places. Styles musicaux programmés : Rock, hip hop, chanson, jazz, musiques du monde. Meilleur souvenir : Voir le public ravi par la proximité et la convivialité qui s’instaurent avec les artistes – phénomène de plus en plus rares – est un bonheur permanent. Les “plus” du lieu : A dix minutes de Paris, un accueil chaleureux, un son exceptionnel et une programmation de qualité pour néophytes, curieux et mélomanes ! Prix des places : De 3 à 10 ¤. Trois événements avant fin mars : Onyx + Micronologie (5 mars) ; Mina Agossi (12 mars) ; The Young Gods (24 mars).

Le Hangar A Ivry-sur-Seine, 3-5, rue Raspail. M° Mairie d’Ivry. Questions à Fabien Bonnassieux, programmateur. Le lieu en quelques mots : Le Hangar cumule deux espaces consacrés à la musique : une salle de concerts (depuis novembre 2007) et un équipement – répétition, enregistrement, formation – dédié aux pratiques musicales, le Tremplin. D’autres expressions – stand-up, théâtre, vidéo, etc. – y trouvent aussi un écho. Capacité maxi : 300 places. Styles musicaux programmés : Rock, chanson, musiques du monde, etc. Meilleur souvenir : L’ouverture du lieu avec Mouss et Hakim de Zebda, et plus récemment The Congos, de vraies légendes du reggae. Le “plus” du lieu : Le Tremplin ! La véritable colonne vertébrale historique du projet (mille concerts depuis 1988), aujourd’hui dédiée à l’accompagnement des pratiques. Prix des places : De 5 à 12 ¤. Trois événements avant fin mars : La Rumeur (4 mars) ; Mountain Men (5 mars) ; Maxxo + De La Cruz (11 mars).

lundi, janvier 24 2011

Paris en lettres capitales

Balzac, Hugo, Proust, Hemingway, Miller, Vian, Perec, Modiano... Nombreux sont les grands écrivains français et étrangers à avoir résidé dans la capitale. Tous, poètes comme romanciers, n’ont cessé de célébrer Paris et de mettre la ville en scène dans leurs oeuvres. Petites balades littéraires sur les traces de quelques glorieux fantômes. Une ville entre fiction et réalité Saviez-vous qu’au 34 bis, rue de l’Université avait vécu le gentlemancambrioleur Arsène Lupin sous le nom du duc de Charmerace ? Que George Duroy, portraituré par Maupassant dans “Bel-Ami”, résida au 17 de la rue Fontaine ? Que le fameux “côté de chez Swann” de Marcel Proust (et accessoirement de Dave) est en fait le quai d’Orléans de l’Ile Saint-Louis ? Qu’enfant, la Jacqueline Delanque de Modiano a grandi avenue Rachel, dans le 18e arrondissement ? En parcourant l’index des arrondissements et des rues de ce récent Répertoire des domiciles parisiens de quelques personnages fictifs de la littérature, il est fort possible que vous vous découvriez des voisins dont vous ne soupçonniez pas l’existence. Peut-être même que ces êtres de papier ont vécu un temps chez vous, à moins que ce ne soit vous qui viviez encore chez eux puisque la littérature les a rendus éternels. En relevant systématiquement les adresses de ses héros de roman favoris, Didier Blonde a eu une bien belle idée, de celle qui vient chatouiller instantanément l’imaginaire des lecteurs que nous sommes. Mais ce projet serait demeuré incomplet si l’auteur, détective à ses heures perdues, n’avait pas essayé d’aller voir sur place de quoi il retournait. En complément du répertoire, il publie donc un Carnet d’adresses qu’il décrit comme un « récit éclaté dans le dédale de la ville, de la mémoire, des archives ». Si le premier ouvrage est un hommage à la littérature dans son ensemble (on y croise aussi bien le Maldoror de Lautréamont que Fantômas), le second constitue une belle et stimulante invitation à la promenade dans la capitale. A découvrir.  TEXTE: RÉMI MISTRY Balzac, Hugo, Proust, Hemingway, Miller, Vian, Perec, Modiano... Nombreux sont les grands écrivains français et étrangers à avoir résidé dans la capitale. Tous, poètes comme romanciers, n’ont cessé de célébrer Paris et de mettre la ville en scène dans leurs oeuvres. Petites balades littéraires sur les traces de quelques glorieux fantômes. La poésie du mouvement quotidien Retour, pour quelques instants, au coeur des années 70. A cette époque, Georges Perec a déjà publié quelques-unes de ses oeuvres majeures qui resteront gravées dans le patrimoine littéraire français, parmi lesquelles Les Choses, Un homme qui dort ou le fameux La Disparition, un exercice de style “oulipien” célèbre pour avoir été écrit sans la lettre “e”. La majorité de ces récits se déroulent à Paris, ville où l’auteur est né et a vécu une bonne partie de sa vie. Un beau jour d’automne 1974, l’écrivain s’installe place Saint-Sulpice et observe. Il tire de ses contemplations un texte très court et très simple joliment baptisé Tentative d’épuisement d’un lieu parisien ; un véritable “objet littéraire non identifié” comme seul Perec en a le secret. Durant trois jours consécutifs, l’écrivain est resté assis et a consigné méthodiquement les choses banales qui font la vie urbaine : les discussions des passants, les touristes, les pigeons, les bus, l’asphalte, les arbres... En clair : « ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages ». La tentative peut paraître anecdotique, mais force est de constater qu’il s’en dégage une certaine poésie. Ces petits détails qu’on ne remarque même plus et qui font la vi(ll)e d’aujourd’hui, l’auteur arrive à les sublimer en quelques mots. Une photographie parisienne qui n’a pas jauni. Balzac, à l’abri des regards C’est au coeur du quartier de Passy que choisit de s’installer Honoré de Balzac en 1840. Celui qui est considéré à juste titre comme l’écri vain français le plus ambitieux du XIXe siècle est à cette époque criblé de dettes et pense trouver la tranquillité en emménageant sous le nom de Mme de Breugnol dans cette maison du 16e arrondissement. Durant sept années, il va passer son temps à poursuivre l’écriture et la mise en forme de sa fameuse Comédie humaine débutée en 1831, soit en tout 137 oeuvres dont les classiques Père Goriot ou Eugénie Grandet, qu’on ne présente plus. La demeure possède deux entrées différentes qui permettent à l’écrivain d’échapper à ses créanciers. Les seuls visiteurs autorisés à pénétrer à l’intérieur doivent connaître les mots de passe : « La saison des prunes est arrivée » ou « J’apporte des dentelles de Belgique ». Ouverte au public en 1960 par la Ville de Paris, la maison de Balzac est désormais un musée dédié au romancier et à ses oeuvres. On peut y découvrir des manuscrits, des éditions originales ainsi que des tableaux et sculptures représentant l’auteur. Sa petite table d’écriture, ainsi qu’une partie du mobilier et des objets personnels de l’auteur et de Mme Hanska, riche admiratrice polonaise qu’il finira par épouser, n’ont pas bougé. La salle dédiée à la généalogie de La Comédie humaine est réellement impressionnante et permet de mesurer l’immensité et la complexité de l’oeuvre de Balzac, véritable inventeur de génie du roman moderne. Le jardin, pas bien grand mais charmant, est également ouvert à la visite. Une adresse méconnue qui mériterait d’être davantage visitée. Des Yankees à Paris La capitale française a toujours attiré les artistes et intellectuels du monde entier. On aime à le répéter parce qu’on n’en est pas peu fier. Dès les “folles” années 20, de nombreux écrivains étrangers - principalement américains - s’installent dans la ville et s’en inspirent. Ce fut notamment le cas d’Ernest Hemingway, qui affirme dans Paris est une fête que la capitale est certainement « la ville la mieux faite pour permettre à un écrivain d’écrire ». Le roman rassemble des tranches de vie, des rencontres, des chroniques du Paris littéraire d’alors. Hemingway, qui n’est encore qu’un jeune journaliste, y raconte ses balades au Luxembourg le ventre creusé par la faim ou son goût pour la Closerie des Lilas, mythique brasserie de Montparnasse où il écrivit la totalité de son roman Le Soleil se lève aussi que l’on recommande chaudement. Il côtoie durant ses multiples séjours parisiens d’autres compatriotes expatriés comme Ezra Pound ou Francis Scott Fitzgerald. A l’instar d’Hemingway, le romancier Henry Miller, pour qui l’Europe est synonyme de liberté de pensée, débarque dès 1930 dans ce Paris en pleine effervescence littéraire et vit cette fameuse vie de bohème si bien chantée par Aznavour. Dormant au hasard sous les porches, il tente de survivre en publiant des articles dans la presse, qu’il griffonne à la terrasse des cafés. C’est à deux pas du parc Montsouris, au coeur de la villa Seurat où l’héberge un ami, que Miller pose les bases de Tropique du Cancer, brillantes et scandaleuses chroniques de vie parisienne pour lesquelles il sera poursuivi un peu plus tard pour “obscénité” par un tribunal aux Etats-Unis. Les premières pages de ces ouvrages vous plongeront immédiatement dans l’ambiance à la fois si douce et si dure du Paris de l’entre-deuxguerres. Ces témoignages sont d’autant plus intéressants qu’ils proviennent d’étrangers qui posent un regard différent sur ce qu’était la capitale à l’époque. Visiblement, Paris n’a jamais cessé de les intriguer puisqu’ils y retournèrent régulièrement au cours de leur vie. Après tout, Scott Fitzgerald ne déclarait-il pas que « l’Américain de Paris, c’est ce que l’Amérique a fait de mieux » ? La Closerie des Lilas, 171, bd du Montparnasse, 6e. Tél. : 01 40 51 34 50. Le café des écrivains vivants Las de poursuivre la trace d’écrivains retournés à la poussière depuis des lustres ? Et si vous partiez à la rencontre d’auteurs bien vivants à travers la capitale ? La tâche est plutôt complexe puisque c’est une espèce terriblement solitaire ; mais pour débusquer les spécimens les plus mondains, fréquenter les cafés des 5e et 6e arrondissement n’est pas inutile (Flore, Deux Magots et consorts). Autre alternative : toutes les deux semaines au Café Charbon, brasserie typiquement parisienne située dans la toujours animée rue Oberkampf, est tournée l’émission de télé Café Picouly dans laquelle le célèbre auteur-animateur Daniel Picouly reçoit les écrivains et artistes les plus en vue du moment. En 2010, sont passés boire un verre au comptoir aussi bien Michel Houellebecq et Virginie Despentes que le médecin et auteur Laurent Seksik ou Richard Bohringer. Il est possible d’assister à l’émission en réservant à l’avance. Le jour de l’enregistrement, vous pourrez à votre guise vous balader et boire un verre (offert) dans le café pendant que Picouly s’entretient avec ses invités. Vous serez cantonné au rôle de figurant, un peu comme dans l’émission Ce soir (ou jamais !) sur France 3, mais le tournage constitue néanmoins un bon moyen de rencontrer des hommes et femmes de lettres qui font l’actualité. L’émission, diffusée tous les vendredi soirs sur France 5, contient quelques séquences vraiment originales. Le tout dans une ambiance cosy et fort sympathique.

3 raisons d’aller au festival d'Angoulême

Il a beau se passer des tonnes de choses à Paris, cette semaine, ceux qui aiment la BD prendront le train. Du 27 au 30 janvier se tient en effet le grand raout en la matière : le fameux Festival d’Angoulême, 38e édition. Pas complètement fondus du genre, l’idée d’y faire un tour pourrait tout de même vous tenter ? Plus d’hésitation, filez ! Pourquoi ? Entre autres, parce que... 1. C’est une bonne session de rattrapage Pour la compétition officielle, seront en lice 58 albums en langue française, publiés entre décembre 2009 et novembre 2010. Au fil de l’année passée, ceux-là ont été jugés comme les tout meilleurs par un comité de sélection réuni par le festival. Cette semaine sera donc pour vous l’occasion de découvrir, dans un espace dédié, la crème de la crème de ces derniers mois en attendant le palmarès officiel, divulgué le 30 janvier ; le grand jury attribuant ce jour-là dix prix appelés les “Fauves d’Angoulême”. Une simple affaire de spécialistes ? Que nenni ! Vous aussi pouvez donner votre avis en votant sur internet pour le Fauve Fnac-SNCF, à savoir le Prix du public. De notre côté, nous avons déjà fait nos choix, puisque deux de nos chouchous de 2010 sont en compétition : Quai d’Orsay - Chroniques diplomatiques, d’Abel Lanzac et Christophe Blain (Dargaud) et Blaise, Opus 2 de Dimitri Planchon (Glénat). Mais de là à vouloir vous influencer... 2. C’est un bon moyen de découvrir de (très) jeunes talents C’est qu’on les recherche tôt, à Angoulême, les jeunes pousses du genre. On les repère dès la mater nelle, même, via “A l’école de la BD”, le concours dédié aux scolaires (jusqu’à la terminale). Vous aurez ici la possibilité de voir leurs oeuvres prometteuses en attendant la prochaine session, pour laquelle la remise des planches a été fixée au 1er mars. Du côté des plus grands, à savoir les débutants qui n’ont encore rien publié, la sélection Jeunes Talents est désormais close et les vingt sélectionnés ont déjà été désignés. Vous pourrez ainsi découvrir lors d’une ex position les oeuvres de ceux qui seront peut-être les stars de demain : depuis dix ans que le concours existe, une quarantaine d’auteurs en devenir distingués par celui-ci sont désormais passés pro. Reste que ceux qui ont la vocation mais ne savent pas trop comment s’y prendre auront l’opportunité, lors du festival, de faire un tour au Pavillon des jeunes talents. Au programme : ateliers, conférences, rencontres... A noter qu’en prime, le lieu accueillera également les lauréats du concours “Révélation blog”, la petite compétition qui monte... 3. C’est une bonne façon de ne pas s’ennuyer... Il se passe toujours quelque chose à Angoulême. Surtout cette année, sous la haute présidence de Baru auquel sera dédiée une grande exposition et qui, passionné de rock, montera même sur les planches du théâtre de la ville pour illustrer en live un concert du groupe Heavy Trash. Des concerts et des animations, il y en aura d’autres : à voir, entre autres, l’espace Mangasie dédié aux bandes dessinées asiatiques, ou encore l’expo délicieusement nostalgique sur Snoopy, qui, bien que fêtant cette année ses 60 ans, reste aussi frais que le chat Bludzee. La BD, en plus, ça conserve.

lundi, janvier 10 2011

Salles de concert à Paris

Kevin Douvillez coprogramme le fameux festival des Francofolies. Pour trouver les 120 meilleurs artistes français ou francophones de l’année, il lui faut tout voir et entendre. A travers ses salles parisiennes préférées, ce Breton pure souche évoque sa vision du métier, de la création, de la politique culturelle et de la chanson française.

L’International, café-concert « J’y suis souvent. C’est le genre de lieux qui devraient se développer dans Paris. Un principe d’entrée gratuite, avec deux ou trois concerts par soir, c’est un vrai laboratoire pour jeunes artistes, où j’ai fait des découvertes, ou des confirmations de gens que je suivais depuis un certain temps, comme Zaz, en novembre 2009. Je la voyais pour la première fois sur scène. Ce n’était pas un spectacle optimal, mais sa fraîcheur, sa bonne humeur éclataient. J’ai aussi, là bas, récemment vu Rover, qui va faire le “chantier des Francos” (suivi et sessions de travail accompagné pour des artistes émergents. Parmi les participants depuis 1998 : Cali, Emily Loizeau, Ours ou Pauline Croze ndlr). C’est un grand gaillard d’1,95 m, qui fait une musique à la Bowie, très aérienne. Pour eux, ce lieu n’est pas un aboutissement, mais un terrain pour se faire connaître et tester des choses. Là, Rover se testait seul, sans son groupe, ce qui me l’a rendu d’autant plus touchant. Le défaut du lieu, c’est évidemment le bruit, les gens viennent autant pour la musique que pour boire un verre, mais c’est le jeu, et c’est l’un des endroits où les espaces sont le mieux séparés. Pourquoi le rock anglo-saxon est-il bon ? Parce qu’il existe là-bas une multitude de lieux de ce genre, pour s’affiner, jouer encore et encore, développer un vrai live. L’International est l’un de ceux qui réussissent le mieux à Paris, avec une programmation large d’esprit et de style, dans de bonnes conditions avec un public fidèle, ce qui garantit aux artistes de jouer devant un salle pleine. » 5/7 rue Moret, 11e. Tél. : 01 49 29 76 45. Ouvert tous les jours de 17 h à 2 h, happy hour jusqu’à 21 h. Infos et programmation : www.linternational.fr.

La Loge Théâtre « Une petite salle très mignonette, avec environ 80 places assises, mais c’est une vraie salle de spectacle, avec une belle scène version mini. Je n’y vais pas souvent, mais je suis la programmation. Ils ont une super ligne éditoriale, un mélange de variété, de spectacle, d’humour. Il y a une grande délicatesse dans les choix, avec aussi une vraie prise de risques. Par exemple, cette année, on y a vu GieDré, de la chanson humoristique vraiment très caustique, ou Mariscal, un artiste quelque part à la croisée des chemins entre Dominique A. et Fredo Viola, qui a fait le chantier des Francos. Il n’est pas évident à présenter, parce que sa musique n’est pas assez commerciale pour être une priorité pour l’industrie du disque. L’entrée est payante mais avec de petits tarifs. Je crois que l’équipe est très accompagnante dans les relations avec les artistes. Ce n’est pas juste de la location de salle, ils essaient de faire en sorte que tout le monde y trouve son compte dans une économie pourtant précaire. » 77, rue de Charonne, 11e. Tél. 01 40 09 70 40. Infos et programmation : www.lalogeparis.fr

La Maroquinerie « Cette salle me plaît, elle a toujours eu une belle ligne éditoriale. Ça fonctionne en deux temps : une programmation propre et de la location de salle, mais choisie, en accord avec la ligne choisie. J’aime à la fois la programmation et l’ambiance globale. La configuration n’est pas optimum, avec des poteaux qui peuvent gêner la vue, et quand il y a du monde, on a vite chaud. Mais c’est largement rattrapé par l’ambiance générale, le restaurant où tout est super bon, et qui est tenu par des personnes très sympas qui insufflent un bon esprit. Beaucoup de gens du métier fréquentent l’endroit parce que leurs bureaux sont dans l’immeuble. C’est un lieu de création, siège d’une véritable ébullition culturelle, d’échange, de connaissance, de partage et de fête. » 23, rue Boyer, 20e. Tél. : 01 40 33 35 05. Restaurant : tous les jours de 19 h 30 à 23 h 30, réservation au 01 40 33 64 85. Programmation et menu sur www.lamaroquinerie.fr.

La Cigale et la Boule Noire « Pour un artiste, jouer à la Cigale n’est pas l’ultime consécration, mais cela signifie que le projet marche, qu’il est en bon chemin. J’aime beaucoup y voir des concerts : c’est pour moi l’une des plus belles salles, parce que le rapport scène-salle est presque idéal. On voit bien de partout, c’est un théâtre à l’ancienne avec son cadre rouge, mais qui peut quand même accueillir du rock, même l’électro fonctionne, dans un lieu qui a un vrai cachet parisien, et moi qui viens de province, j’y suis très sensible. La salle est couplée avec la Boule Noire, juste en dessous, gérée par la même équipe. C’est une salle de soussol, avec du parquet, chargée d’histoire, puisque c’est là que s’est déroulé le fait divers dont s’inspire le film Casque d’or. Si je fais ce métier, si je prends tant de plaisir à mes déambulations nocturnes, c’est parce que j’ai aimé cette histoire de Paris la Nuit, avec toutes ses différentes époques : Montmartre à la fin du XIXe avec l’apparition du Moulin Rouge et du french cancan, l’ébullition de Pigalle, avec le peuple qui a enfin la possibilité de sortir et qui va dans les bals… Puis c’est le Montparnasse des années 1910 à 20, une émulation culturelle, les artistes qui se retrouvent dans les troquets et la chanson française qui balbutie avec Aristide Bruant à Montmartre, puis Saint-Germain-des-Prés, Vian et Gréco, et les années 80, les sorties nocturnes de Gainsbourg, le Palace et les Bains- Douches, qui sont à la fois des lieux de fête et de concerts. Sans forcément participer, j’aime être témoin de la vie nocturne. J’éprouve un plaisir provincial à me retrouver dans ces lieux emblématiques de la nuit. » 120 Boulevard de Rochechouart 18e, Tél 01 49 25 81 75. Infos et programmation www.lacigale.fr, et www.laboule-noire.fr

La Gare aux Gorilles C’est un squat. Il en existait beaucoup à Paris, ils ont malheureusement majoritairement disparu depuis mon arrivée, en 2000. J’étais un habitué de ces lieux : Les Falaises, rue Germain Pilon, où l’on pouvait écouter du “nu-jazz”, de Steve Coleman à Jazzmatazz, et boire des bières pas chères dans un esprit très associatif. Il y avait aussi la Générale, un gros bâtiment désaffecté dans Belleville, qui avait été investi par des ateliers d’artistes, et toutes sortes de concerts. A la Gare au Gorille, on retrouve cet esprit un peu disparu. J’y ai vu un concert dingue du groupe Sexy Sushi, en juillet 2010 : ils avaient demandé à tous les fans d’écrire un poème sur Satan, certains tirés au sort étaient affichés sur le mur, et ils ont fait un concert sur ce thème. Dans l’esprit squat, les boissons ne coûtent presque rien, on peut même apporter la sienne. Ces lieux sont importants : ils sont un tissu culturel et associatif essentiels à la création, il faut qu’ils puissent exister, se développer. » • 1, avenue Corentin Cariou, 19e. M° Corentin Cariou. Programmation sur www.myspace.com/lagareauxgorilles.

Bienvenue en 2011

Il y a des monuments comme ça, auxquels il est difficile de toucher tant ils font partie de notre quotidien. C’est le cas de la cabine Photomaton, qui a vu le jour il y a 75 ans. Grâce à elle, on a fait nos photos d’identité, grâce à elle, on ne ressemblait à rien dessus, grâce à elle, on a eu de franches rigolades avec les copains en rentrant à dix dans la cabine pour se faire tirer le portrait. Bref, des souvenirs de Photomaton, on en a tous. Ça s’appelle la mémoire collective. Cette bonne vieille cabine, à l’heure du numérique et de l’internet, est toujours là, elle résiste au temps malgré tout. Alors, pour lui redonner un petit coup de fraîcheur, on a fait appel au talent du designer Philippe Starck. Même s’il ne s’est pas trop attaqué au monument, on reconnaîtra sans aucun doute la patte de la star française du design en voyant le tabouret.... Mais ce n’est pas tout. Une fois le type de photo sélectionné, la caméra vidéo de la machine s’adapte à l’utilisateur grâce à des capteurs intelligents. Vous allez aussi vous retrouver dans un décor en 3D, parmi une sélection d’ambiances à choisir... La cabine est également équipée du 3G, alors rien de plus simple pour envoyer illico votre portrait par mail ou sur Facebook. Le Photomaton a encore de belles années devant lui.

C’est parti pour l’opération “Train des talents IDTGV”. Avec Rire Ô Pluriel, le train va sillonner la France jusqu’en juin, à la rencontre des talents en herbe. Une première finale régionale aura lieu à Lyon puis à Lille, Paris, Marseille, Cannes et Bordeaux. La grande finale se déroulera à Paris le 20 juin, au théâtre du Temple, terme de ce parcours qui aura permis au jury de sélectionner des artistes en devenir. Pour cette seconde édition, IDTGV a créé de nouvelles catégories. Après “l’humour”, il est désormais possible de s’inscrire pour concourir dans les catégories “magie” et “numéros visuels”. Bien sûr, un jury de pros a été choisi pour élire tous ces talents 2011. Vous pouvez dès à présent vous inscrire sur www.letraindestalents.com et déposer la vidéo de votre sketch, tour de magie ou numéro visuel... Ensuite, ce sont les internautes qui voteront pour leurs vidéos préférées, donc mobilisez tous vos proches et amis, faites du buzz autour de vous ! Et le jury se décidera ensuite parmi les trente meilleures sélectionnées par les visiteurs (soit dix par catégorie), pour choisir les trois finalistes de chaque discipline qui monteront sur scène le soir de la finale régionale. Pour les accompagner et les soutenir dans cette aventure, Anthony Joubert et Naho, deux talents montants, seront présents lors des finales régionales. Si vous ne vous sentez pas l’âme d’un comique ou d’un magicien, vous pouvez toujours les encourager. A gagner, deux allers-retours en IDTGV vers l’une des villes de la compétition pour vingt internautes, ainsi qu’une vingtaines de places pour les spectacles d’Anthony Joubert et de Naho. Cela fait six ans déjà que le concept IDTGV a vu le jour. Une vraie success story qui a su séduire les voyageurs par son offre résolument nouvelle : l’ambiance, la praticité 100 % web qui permet d’organiser soi-même son voyage jusqu’à l’impression des billets, et une politique de prix attractive. Depuis 2004, ce sont près de 9 600 000 billets qui ont été vendus, avec plus de trente départs quotidiens proposés.

mardi, décembre 7 2010

Le meilleur du sport en 2010

CSKA Moscow vs Inter Milano Olympique Lyonnais vs AS Monaco Olympique Lyonnais vs FC Bayern München Blackburn Rovers vs Arsenal FC Ouanna, Josselin vs Tsonga, Jo-Wilfried Corée du Nord vs Côte d'Ivoire Soderling, Robin vs Berdych, Tomas Stosur, Samantha vs Schiavone, Francesca Australia vs South Africa Pays Bas Espagne AJ Auxerre vs Real Madrid Nadal, Rafael vs Verdasco, Fernando Allemagne vs Turquie Serbie vs Turquie Parme FC vs Milan AC Italie vs Serbie AS Saint Etienne vs Stade Malherbe de Caen Real Sociedad vs Deportivo La Corogne Manchester United vs Tottenham Hotspur Tottenham Hotspur vs Inter Milan Paris St Germain vs Borussia Dortmund AJ Auxerre vs AS Saint Etienne FC Arsenal vs Tottenham Hotspur AJ Auxerre vs Milan AC Olympique de Marseille vs Stade Rennais Real Madrid vs AC Milan Simon, Gilles vs Brown, Dustin Monfils, Gael vs Andujar, Pablo Monfils, Gael vs Mayer, Florian Dent, Taylor vs Blake, James Muller, Gilles vs Isner, John FC Eto Györ vs Montpellier Hsc Gasquet, Richard vs Vliegen, Kristof FC Zenit ST Petersburg vs AJ Auxerre Stade Toulousain vs Stade Francais Paris France vs Canada Greul, Simon vs Gasquet, Richard Simon, Gilles vs Young, Donald Stade Rennais vs Montpellier Hérault Naples vs Milan AC Olympique de Marseille vs Stade Rennais Benfica Lissabon vs Olympique Lyonnais Levski Sofia vs Olympique de Lille FC Sevilla vs FC Valence FC Toulouse vs Olympique de Marseille Spartak Moscow vs Olympique de Marseille FC Barcelona vs Real Madrid Liverpool FC vs Olympique Lyonnais FC Lorient vs Olympique de Marseille Portugal vs Bosnie-Herzégovine Manchester City vs Arsenal FC Olympique Lyonnais vs HSC Montpellier Chelsea FC vs Fulham FC Olympique Lyonnais vs FC Shalke 04 Benneteau, Julien vs Robredo, Tommy FC Valence vs Atletico Madrid Melzer, Jurgen vs Federer, Roger Monfils, Gael vs Djokovic, Novak HSC Montpellier vs FC Girondins Bordeaux Irlande vs France Manchester United vs Tottenham Hotspur Tsonga, Jo-Wilfried vs Simon, Gilles Tsonga, Jo-Wilfried vs Nadal, Rafael Galatasaray vs Atletico Madrid France vs Chine Hewitt, Lleyton vs Chardy, Jeremy Portugal vs Brésil Federer, Roger vs Soderling, Robin Manchester United - Newcastle FC Basel vs FC Zürich Uruguay vs Allemagne Olympique de Marseille vs Paris Saint Germain Cuevas, Pablo vs Mathieu, Paul-Henri Roddick, Andy vs Ram, Rajeev Roddick, Andy vs Malisse, Xavier France vs Biélorussie USA Perpignan vs ASM Clermont Auvergne AJ Auxerre vs FC Zenit ST Petersburg Bosnie-Herzégovine vs France AS Saint Etienne vs OGC Nice Olympique Lyonnais vs AS Saint Etienne Gasquet, Richard vs Monfils, Gael FC Chelsea vs Olympique de Marseille Williams, Venus vs Clijsters, Kim France vs Roumanie AS Saint Etienne vs Olympique de Marseille Nadal, Rafael vs Djokovic, Novak France vs Luxembourg Racing Strasbourg vs Olympique Lyonnais Malawi vs Algérie OSC Lille vs Paris Saint Germain Paris Saint Germain vs AS Monaco Olympique Lyonnais vs Real Madrid FC Toulouse vs Olympique de Marseille Manchester United vs West Ham United Wales vs France Arsenal FC vs FC Porto AJ Auxerre vs Paris Saint Germain FC Sochaux vs Olympique de Marseille British Open Golf 2010 - Vainqueur

lundi, novembre 29 2010

Lomography Gallery Store Paris

Bienvenue en lomography. Le terme désigne à la fois un mouvement photographique et le nom de l’entreprise qui commercialise les lomos (initiales de “Leningradskoïe Optiko Mekhanitchéskoïe Obiedinenie” !), des appareils photos au style “old school”. L’histoire commence sur un marché aux puces de Prague au début des années 90, où leur design rétro tape dans l’oeil de deux jeunes Viennois. Ces étudiants en marketing réussissent alors à convaincre le directeur de l’usine Lomo en Russie de redémarrer la production, avec un contrat de distribution exclusif à la clé. Bien vu ! Les aficionados de lomos se trouvent aujourd’hui aux quatre coins du monde. La Lomographic Society International rassemble plus de 500 000 membres (réunis sur le site de partage et de vente www. lomography.com), dont 10 à 20 000 rien qu’en France. Ce nouveau Lomography Gallery Store est la deuxième boutique du genre en France. La première se situe dans le 10e arrondissement de Paris. Cette nouvelle “ambassade lomographique” – selon l’expression maison – vient d’ouvrir dans le Marais, en lieu et place d’une galerie. Avec un mur droit entièrement recouvert de “lomos” hétéroclites formant une mosaïque bigarrée, le nouveau magasin inauguré le 28 octobre annonce la couleur : peu importe la technique. L’important est de se divertir. Parmi les dix commandements amusants de la lomography, on retient : « Essaie la prise de vue sans viser », « Ne pense pas », « Tu n’as pas à savoir à l’avance ce que tu prends en photo », et enfin... « Moquetoi des règles ». Une manière décomplexée de faire de la photo, qui remiserait presque le numérique au placard. Elle est d’ailleurs la seule société à proposer du 100 % argentique. Le lomo jouit d’une image à la fois cool et jeune. La preuve s’il en était encore besoin : le jour de notre visite, Peter Doherty himself a craqué pour l’un de ces petits joujoux… Outre leur aspect vintage, ces appareils attachants ont pour eux également un prix très abordable, de 30 à 425 ¤ (à noter, des promos sont prévues à Noël). Idem pour les pellicules (3 pour 7 ¤). Le best-seller de la marque, bien connu de la communauté lomo, s’appelle “Diana”. Le modèle de base coûte 40 ¤, l’édition limitée 90 ¤. Décliné sous toutes les coutures, il est visible dès l’entrée du magasin. Cet appareil en plastique “made in China” a été remis au goût du jour. La société en a réédité en 2007 une réplique appelée Diana+, puis une nouvelle version en 2008, le Diana F+, qui possède un flash amovible et colorable grâce à des filtres. Toutes sortes d’accessoires sont proposés en sus : objectifs, flashs, boîtier étanche pour prendre des photos sous l’eau, “instant back” (un boîtier qui permet de développer des photos instantanément !)... Faire se superposer deux photos sans trucage ? Fastoche ! But du jeu : multiplier les effets visuels, avec l’air de ne pas y toucher. Le petit nouveau dans la galaxie des lomos, le “Sprocket rocket”, vendu 79 ¤, rend visible les perforations de la pellicule si on le souhaite. Sorti en juin 2010, le “Spinner” (125 ¤) est posé sur un mini-trépied et permet de prendre une photo à 360 degrés ! Les différents modèles sont vendus avec un mode d’emploi et un livret où puiser son inspiration. Des ateliers sont organisés à partir du 25 novembre (inscription sur www. facebook. com/lomographyparis) afin d’optimiser l’usage de ces petits bijoux fashion, en passe de devenir de véritables accessoires de mode. Pour voir et être vu !

- page 1 de 3